Le titan des affaires en France est tchèque

Publié le 6 octobre 2023
Le magazine «L’Express» publie un dossier fort intéressant sur Daniel Kretinsky, le magnat qui s’impose dans plusieurs domaines: la distribution, l’énergie (gaz et électricité), l’édition et les médias. A 48 ans son patrimoine, sans l’immobilier, est de 9,2 milliards d’euros.

D’origine modeste, le jeune Tchèque, brillant étudiant, maîtrisant parfaitement le français et l’anglais, s’est rapproché tôt d’un magnat enrichi par la libéralisation à la chute du communisme, Petr Kellner, mort en 2021 dans un accident d’hélicoptère, et dont il a épousé la fille Anna. Celle-ci brille aujourd’hui dans le beau monde parisien.

L’oiseau de haut vol repère les business prometteurs plus vite que les milliardaires locaux. Il fonce volontiers sur des proies chancelantes et les remet sur la voie du succès. Dernier en date: le grand groupe Carrefour. Là comme ailleurs il sut écarter les rivaux tout en affichant son habituel sourire retenu. Ce n’est pas un causeur mais un travailleur acharné, sobre, d’une vivacité sans failles. Il a tant de gros coups à son actif. Tel le groupe Editis ( Robert Laffont, Plon, Perrin, La Découverte, Belfont, Bordas, Le Robert…), 2’500 salariés. Les médias l’intéressent beaucoup, il connaît leur pouvoir d’influence et, malgré le déclin tant proclamé, les profits qu’ils peuvent engendrer: notamment Elle, Marianne, Franc-tireur, Télé 7 Jours, Version Femina, mais plus Le Monde dont il s’est retiré. Tout récemment le rapace a arraché un gros bout du géant français et international Atos, sous l’étiquette Tech Foundations (chiffre d’affaires: 5,4 milliards).

L’élégant Kretinsky a du goût. Après avoir passé bien des nuits au George V et au Meurice, il a acquis au 18 rue de l’Elysée I’hôtel du duc de Persigny, ancienne demeure du couturier Pierre Cardin, sa première résidence hors de Prague et de Londres. Plus un château dans l’Essonne. Et une île privée quelque part… Il aime décorer ses demeures avec des œuvres d’art prestigieuses aux prix fous. Ses opinions politiques? Il n’aborde guère le sujet, mais veille à répéter son attachement à la démocratie, ses préoccupations environnementales. Tout juste, bien qu’il ait fréquenté à Prague des figures sulfureuses. Le plus important: il laisse, dit-on, une totale liberté aux rédactions des titres qu’il possède.

Jusqu’où ira son appétit? Nul ne peut le deviner. Mais son entourage laisse entendre qu’il a encore trois milliards à investir cash. Avis aux amateurs.


Lire le dossier.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

CultureAccès libre

Vive le journalisme tel que nous le défendons!

Pourquoi BPLT fusionne-t-il avec d’Antithèse? Pour unir les forces de deux équipes attachées au journalisme indépendant, critique, ouvert au débat. Egalement pour être plus efficaces aux plans technique et administratif. Pour conjuguer diverses formes d’expression, des articles d’un côté, des interviews vidéo de l’autre. Tout en restant fidèles à nos (...)

Jacques Pilet

Une claque aux Romands… et au journalisme international

Au moment où le Conseil fédéral tente de dissuader les cantons alémaniques d’abandonner l’apprentissage du français au primaire, ces Sages ignorants lancent un signal contraire. Il est prévu, dès 2027, de couper la modeste contribution fédérale de 4 millions à la chaîne internationale TV5Monde qui diffuse des programmes francophones, suisses (...)

Jacques Pilet

Notre dernière édition avant la fusion

Dès le vendredi 3 octobre, vous retrouverez les articles de «Bon pour la tête» sur un nouveau site que nous créons avec nos amis d’«Antithèse». Un nouveau site et de nouveaux contenus mais toujours la même foi dans le débat d’idées, l’indépendance d’esprit, la liberté de penser.

Bon pour la tête

Sorj Chalandon compatit avec les sinistrés du cœur

Après «L’enragé» et son mémorable aperçu de l’enfance vilipendée et punie, l’écrivain, ex grand reporter de Libé et forte plume du «Canard enchaîné», déploie une nouvelle chronique, à résonances personnelles, dont le protagoniste, après la rude école de la rue, partage les luttes des militants de la gauche extrême. Scénar (...)

Jean-Louis Kuffer

Plaidoyer pour l’humilité intellectuelle

Les constats dressés dans le dernier essai de Samuel Fitoussi, «Pourquoi les intellectuels se trompent», ont de quoi inquiéter. Selon l’essayiste, l’intelligentsia qui oriente le développement politique, artistique et social de nos sociétés est souvent dans l’erreur et incapable de se remettre en question. Des propos qui font l’effet d’une (...)

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet

Le trio des va-t-en-guerre aux poches trouées

L’Allemand Merz, le Français Macron et le Britannique Starmer ont trois points communs. Chez eux, ils font face à une situation politique, économique et sociale dramatique. Ils donnent le ton chez les partisans d’affaiblir la Russie par tous les moyens au nom de la défense de l’Ukraine et marginalisent les (...)

Jacques Pilet

Un tunnel bizarroïde à 134 millions

Dès le mois prochain, un tunnel au bout du Léman permettra de contourner le hameau des Evouettes mais pas le village du Bouveret, pourtant bien plus peuplé. Un choix qui interroge.

Jacques Pilet

Quand la France et l’UE s’attaquent aux voix africaines

Nathalie Yamb est une pétroleuse capable de mettre le feu à la banquise. Elle a le bagout et la niaque des suffragettes anglaises qui défiaient les élites coloniales machistes du début du XXe siècle. Née à la Chaux-de-Fonds, d’ascendance camerounaise, elle vient d’être sanctionnée par le Conseil de l’Union européenne.

Guy Mettan

Des nouvelles de la fusion de «Bon pour la tête» avec «Antithèse»

Le nouveau site sera opérationnel au début du mois d’octobre. Voici quelques explications pour nos abonnés, notamment concernant le prix de l’abonnement qui pour eux ne changera pas.

Bon pour la tête

La bouderie des auditeurs de la SSR

Les derniers chiffres d’audience de la radio publique sont désastreux. La faute à l’abandon de la FM et à l’incapacité de ses dirigeants à remettre en question le choix de leurs programmes.

Jacques Pilet

Gaza: interdire les mots pour mieux nier la réalité

La ministre déléguée française Aurore Berger voudrait bannir le terme de génocide pour ce qui concerne l’action du gouvernement israélien à Gaza. Comme si le monde entier ne voyait pas ce qu’il s’y passe et alors même qu’en Israël des voix dénoncent courageusement l’horreur.

Patrick Morier-Genoud

«L’actualité, c’est comme la vitrine d’une grande quincaillerie…»

Pendant de nombreuses années, les lecteurs et les lectrices du «Matin Dimanche» ont eu droit, entre des éléments d’actualité et de nombreuses pages de publicité, à une chronique «décalée», celle de Christophe Gallaz. Comme un accident hebdomadaire dans une machinerie bien huilée. Aujourd’hui, les Editions Antipode publient «Au creux du (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Bon pour la tête étoffe son offre

Alors que les médias traditionnels se voient contraints de réduire leur voilure, les médias indépendants se développent. Cet automne, «Bon pour la tête» fusionnera avec «Antithèse», un site qui, comme le nôtre, résiste au conformisme dominant et aux idées toutes faites. Pour nos abonnés actuels, le prix ne changera pas, (...)

Bon pour la tête

Droit de réponse de la RTS

Suite à l’article de Guy Mettan du 4 juillet dernier, intitulé «Acculée, la SSR nous enfume et enterre sa radio en douce», la RTS nous a envoyé un droit de réponse. De son côté, Guy Mettan prend note de ces précisions qui, selon lui, ne remettent pas en question les (...)

Bon pour la tête
Politique

France-Allemagne: couple en crise

De beaux discours sur leur amitié fondatrice, il y en eut tant et tant. Le rituel se poursuit. Mais en réalité la relation grince depuis des années. Et aujourd’hui, l’ego claironnant des deux dirigeants n’aide pas. En dépit de leurs discours, Friedrich Merz et Emmanuel Macron ne renforcent pas l’Europe.

Jacques Pilet