Le parlement suisse refuse de faire baisser les coûts de la santé

Publié le 3 octobre 2025
Chaque année, à l’annonce de l’augmentation des primes d’assurance maladie, on nous sert comme argument l’inévitable explosion des coûts de la santé. Or ce n’est pas la santé qui coûte cher, mais la maladie! Pourtant, depuis des années, une large majorité de parlementaires rejette systématiquement toute initiative en lien avec la santé publique. Un entêtement qui, lui aussi, a un coût.

C’est chaque fois la même mascarade. Avec l’automne arrive l’annonce de l’augmentation des primes d’assurance maladie: en tout, près de 26 % d’augmentation en quatre ans, 40 % en dix ans! Et chaque année, on nous ressert la même rengaine: la faute à la hausse des coûts de la santé!

Or «les coûts de la santé» est un argument bidon. L’expression elle-même est un abus de langage, un aphorisme trompeur. Car les coûts dont on parle ne sont pas ceux de la santé, mais bien ceux de la maladie. La santé, elle, ne coûte rien. Elle nécessite de la prévention et, surtout, des décisions politiques. Or, chaque fois qu’il a l’occasion de se prononcer sur des propositions qui permettraient de préserver ou d’améliorer la santé des Suisses, notre Parlement les rejette avec force. Démonstration.

Le sucre, un poison bien protégé sous la Coupole

Commençons en douceur… Parlons du sucre. Les Suisses en consomment en moyenne 110 grammes par jour et par personne, soit plus du double de la recommandation de l’OMS (50 g, idéalement 25), l’une des consommations les plus élevées d’Europe. Or la recherche établit des liens directs entre excès de sucre et diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, hypertension et certaines formes de cancer. Même l’Office fédéral de la santé publique reconnaît que le surpoids constitue un facteur de risque majeur pour ces maladies chroniques, devenues les premières causes de mortalité en Suisse (quatre décès sur cinq!). Des pathologies qui grèvent les finances publiques: plus de 50...

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