Le dernier souffle du radicalisme suisse

Publié le 22 septembre 2017

Le premier Conseil fédéral, élu le 16 novembre 1848. Sept représentants… tous issus des rangs radicaux! Derrière (de gauche à droite): Ulrich Ochsenbein, Henri Druey.
Au centre (de gauche à droite): Friedrich Frey-Herosé, Jonas Furrer, Josef Munzinger. Devant (de gauche à droite): Wilhelm Matthias Naeff, Stefano Franscini.
– © BNS

L'élection du Tessinois Ignazio Cassis marque aussi une «première» depuis 1848: l'absence d'un représentant du courant historique du radicalisme, lequel a pourtant forgé l'histoire moderne de la Suisse depuis 169 ans, date de la création de l'Etat fédéral.

L’Assemblée fédérale a décidé ce mercredi 20 septembre 2017 de porter le libéral Ignazio Cassis au Conseil fédéral. Pour la première fois depuis 1848, le gouvernement suisse ne compte donc plus aucun représentant du mouvement radical en son sein. Certes, le Parti libéral et le Parti radical-démocratique ont fusionné en 2009, devenant ainsi le Parti libéral-radical. Cette fusion est le résultat d’une lente évolution du radicalisme et du libéralisme, qui a fini par aboutir à une convergence idéologique effaçant (presque) les différences de sensibilité pourtant grandes auparavant entre ces deux formations politiques.

Un petit rappel historique s’impose. Il y a 169 ans, lors de la création de la Confédération, le Conseil fédéral était composé de sept représentants… issus des rangs radicaux! Cette situation a perduré jusqu’au 1er janvier 1892, avec l’arrivée d’un premier conseiller fédéral issu du Parti catholique conservateur (aujourd’hui connu sous le nom de Parti démocrate-chrétien). Il faudra encore attendre jusqu’au 2 juillet 1917 pour que l’hégémonique Parti radical cède un deuxième siège au Conseil fédéral, attribué à un membre du Parti libéral démocratique, lequel procède d’une scission au sein du Parti radical démocratique après la création de l’Etat fédéral en 1848.

Le Lucernois Joseph Zemp, père de quinze enfants, est le premier conservateur catholique à entrer, le 1er janvier 1892 à l’âge de 57 ans, au Conseil fédéral (à gauche). Elu le 2 juillet 1917 au Conseil fédéral à 72 ans, le Genevois Gustave Ador, membre du Parti libéral démocratique, prend...

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