La fête de Moutier confirme la déclaration d’un biophysicien allemand

La fête fut belle à Moutier. Il y a bientôt trois semaines, le oui vainqueur de la votation confirmait que la ville allait rejoindre le canton du Jura, quittant celui de Berne. Plusieurs milliers de Jurassiens se sont rassemblés sur la place centrale, se sont embrassés, ont trinqué, célébré l’événement, sans masques. Les réseaux sociaux se sont échauffés. Les Jurassiens ont été qualifiés de «téméraires», «d’égoïstes», et de nombreuses personnes s’apprêtaient à leur reprocher une éventuelle troisième vague et donc un prochain confinement. Mais aucun cluster n’a été déclaré, les infections restent stables, à un niveau très bas. Le ministre jurassien de la santé, Jacques Gerber, a demandé à l’OFSP d’étudier ce «miracle». Mais plutôt que de parler de miracle, il serait préférable d’écouter les chercheurs des secteurs spécifiques. Comme Gehard Scheuch qui travaille sur les aérosols depuis trente ans.
Un biophysicien allemand qui dit «stop»
Ce biophysicien allemand est l’un des principaux chercheurs sur cette question. Il a longtemps été président de l’International Aerosol Society et collabore à des projets de recherche avec l’Institut Robert Koch et l’Université de Marbourg. Et il ne mâche pas ses mots. «Conneries», «absurde», «la folie». Le Corona, dit-il, est un problème d’intérieur. «Plus il y a de vent, plus le nuage d’aérosols que vous produisez est naturellement emporté par celui-ci», explique-t-il. A ses yeux, certaines mesures ne sont carrément pas appropriées: «Je pense que les masques obligatoires à l’extérieur sont généralement un non-sens», affirme Gehard Scheuch.
Il vient de remettre une lettre ouverte au gouvernement allemand, datée du 11 avril 2021 et signée avec quatre autres médecins de la Société pour la recherche des aérosols. Certains passages sont révélateurs, notamment ce paragraphe où ils critiquent ouvertement «en tant que chercheurs sur les aérosols, nous avons dû faire l’expérience que le débat public ne reflète toujours pas l’état des connaissances scientifiques.» Ils se disent inquiets de constater que de nombreux citoyens ont des idées fausses sur le potentiel de contagion associé au virus. Ils précisent: «Quand on entend « c’est dangereux dehors », cela est dû uniquement au mesures sanitaires prises par les politiques et transmises via les médias, et il s’agit tout simplement d’une communication mensongère. Les aérosols, de très petites gouttelettes dans l’air, deviennent plus rapidement inoffensifs à l’extérieur parce qu’il y a des dérives de vent, ce qui entraîne un effet de dilution très rapide.»
Plusieurs études confirment d’ailleurs que le risque de contracter la maladie en plein air est très faible. Une étude réalisée en Chine, par exemple, indique que sur 7324 infections signalées, une seule s’est produite à l’extérieur.
La Suisse, ce pays qui confirme la thèse
A la mi-février de cette année, des milliers de gens ont célébré le carnaval à Einsiedeln. Les critiques fusaient sur les réseaux sociaux, les partisans des mesures sanitaires accusaient ces fêtards d’être responsable d’une deuxième vague. Mais aucune explosion de cas positifs n’a ensuite été constatée dans le canton de Schwytz.
La Suisse était aussi le seul pays à laisser les stations de ski ouverts, ce qui a provoqué une vague d’indignation dans toute l’Europe. Récemment, l’étude d’une équipe de physiciens du Laboratoire fédéral de recherche pour les sciences des matériaux (Empa), à Dubendorf, a conclu que l’ouverture des domaines de ski et les remontées mécaniques ne sont a priori pas problématiques.
Nombreuses, et parfois très violentes, ont aussi été les critiques à l’endroit de toutes les manifestations anti-mesures sanitaires ces derniers mois. On les a rendues responsables de la deuxième et troisième vague et ces rassemblements ont été condamnés avec véhémence par certains politiciens. Notamment à Neuchâtel, où l’organisatrice de la dernière manifestation, fin février, s’est faite critiquer parfois agressivement. Or, ni là ni ailleurs il n’a été constaté une flambée de cas positifs.
Parlons aussi des fêtes à l’extérieur de jeunes gens, dont certains ont été sanctionnés par la police. Par centaines ils se sont retrouvés sur les quais de Zürich, au centre-ville de Saint-Gall, au bord du Rhin à Bâle pour boire une bière, discuter, écouter de la musique. Or personne n’a pu affirmer que les cas positifs ont augmenté en masse à cause de ça.
Le gouvernement fédéral doit réagir aujourd’hui. Comment justifier le port de masque à l’extérieur? Comment justifier la règle des 15 personnes – et dès le 19 avril des manifestations à 100 personnes, à l’extérieur bien évidemment – puisque nous avons maintenant les preuves de l’inutilité de ces restrictions.
Qu’Alain Berset n’ait pas eu un seul mot à propos de cette préoccupation lors de la conférence de presse du 14 avril − un sujet pourtant largement traité dans la presse quelques jours auparavant − devrait nous interpeller sur la gestion de cette crise. Qui nos conseillers fédéraux écoutent-ils? Qu’est-ce qu’ils lisent? Savent-ils que la police effectue de nombreuses missions pour disperser des rassemblements, parfois même durement? La police n’a-t-elle vraiment rien de mieux à faire? N’y a-t-il donc plus de violence domestique dont il faut s’occuper, plus de féminicides et de meurtres, plus de maltraitance d’enfants, plus de trafic de drogue, plus d’infractions routières et de cambriolages, plus d’évasion fiscale, plus de criminalité?
Il est temps que le Conseil fédérale sorte de sa bulle. Si les politiciens continuent à promulguer des lois politiques plutôt que des décisions fondées sur des preuves et des faits, ils ne feront qu’alimenter l’incompréhension de beaucoup de gens et mettre leur patience à rude épreuve.
À lire aussi