Il était autrefois à Hollywood

Publié le 20 janvier 2023
Parti pour un «La La Land 2», Damien Chazelle s'est d'ores et déjà planté au box-office avec «Babylon», film-monstre qui recrée le Hollywood d'antan, au passage du muet au parlant. Trois heures d'excès en tous genres sans véritable histoire d'amour autre que celle qui nous lie tous au cinéma. Une folie?

Hollywood disposerait-il de trop d'agent? Quand même un film d'auteur présente une ardoise approchant les 100 millions de dollars, on peut se le demander. Fort d'une carte blanche chez Paramount après le carton de La La Land, son magnifique hommage à la comédie musicale de 2016 (et le résultat plus modeste mais encore positif de First Man en 2018), Damien Chazelle, 37 ans, est bien parti pour signer... un bide historique. D'Orson Welles aux frères/sœurs Wachowski, ce genre de revers de fortune existe depuis toujours dans la capitale du cinéma. Mais entre les budgets gardés secrets de Netflix, le coût faramineux des grandes séries de prestige et surtout les films de superhéros devenus «too big to fail», on a à l'évidence atteint une nouvelle démesure. D'où sans doute Babylon: trois heures d'excès en tous genres, d'exagérations grotesques, de séquences plus folles et complexes les une que les autres, qui menacent dangereusement de s'annuler. Mais où est donc passé le cinéaste ambitieux, concentré et cinglant de Whiplash?
Il n'a pas complètement disparu et c'est la bonne nouvelle derrière l'échec patent de Babylon. Véritable cinglé de jazz et de cinéma, Chazelle a saisi ce qu'il savait sûrement être une des dernières occasions pour raconter cet Hollywood d'autrefois dont le souvenir s'estompe. Ses principaux appuis pour prendre son élan? Il était une fois à Hollywood de Quentin Tarantino, auquel il emprunte ses deux stars, Brad Pitt et Margot Robbie, Mank de David Fincher, gros succès d'estime pour Netflix, et surtout Chantons sous la pluie de Gene Kelly et Stanley Donen, qui racontait – on l'oublie parfois – ce moment-clé de la transition du muet au parlant. Sans oublier Hollywood Babylone, le livre-culte du cinéaste underground Kenneth Anger qui compilait les pires tragé...

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