Et si Boris Johnson réussissait son pari?

Publié le 14 août 2019
La grossièreté rouée du personnage dresse bien sûr quasiment tous les Européens contre lui. Son choix du hard Brexit choque le Vieux Continent où l’on prédit volontiers le pire pour les Britanniques. Et pourtant… souvenons-nous, beaucoup étaient persuadés que l’arrivée de Trump au pouvoir entraînerait une sombre période pour les Etats-Unis. Or, ceux-ci se portent apparemment bien après deux ans de tweets insensés. Au-delà des sympathies et des allergies, posons-nous la question: comment se présenterait la sortie sans accord de la Grande-Bretagne? La catastrophe n’est peut-être pas là où on la voit aujourd’hui.

Que devrait-il se passer le 1ernovembre après le Brexit dur? Un rétablissement des contrôles douaniers et des taxes, selon les normes de l’OMC. Mais en fait? Du côté britannique, il est douteux que l’appareil nécessaire soit effectivement mis en place, au vu des professions de foi libérales dudit Johnson. Côté européen? Cela voudrait dire l’engagement de milliers de douaniers, le développement de procédures informatiques pointues. Pourquoi donc les Britanniques freineraient-ils les importations italiennes, espagnoles et grecques de fruits, légumes et huiles méditerranéennes? Et pourquoi ces pays les freineraient-elles? Qui peut croire que les Français, les Allemands et les autres dépenseront des milliards d’euros pour rétablir ces barrières d’un autre âge? Tous se montreront coulants, avec ou sans accord. Car tous ont intérêt à ces échanges.
Les accords aériens seront caducs? Qui a intérêt à restreindre les vols entre l’île et le continent? Personne. Là aussi, on en prend le pari, des arrangements seront trouvés très vite.
La bourse de Londres exclue du hub financier européen? Si celle de Zurich, dans cette situation, survit sans trop de mal, celle des Britanniques s’en tirera sans trop de mal.
La fin de la libre circulation des personnes? Elle sera sans doute stoppée en Grande-Bretagne. Mais les Européens qui y sont établis ne seront pas expulsés, ils sont trop précieux à l’économie. Inversement, les Britanniques qui vivent sur le Vieux Continent n’ont pas trop de soucis à se faire. Qui aurait l’humeur et l’intérêt de les chasser?
La place financière? Si celle de la Suisse ne paraît pas ébranlée malgré la bouderie boursière de l’UE, celle de Londres n’a guère de craintes à avoir.
Reste évidemment le casse-tête irlandais. Y dresser une frontière dure entre le nord et le...

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