Coulisses et conséquences de l’agression israélienne à Doha

Publié le 12 septembre 2025
L’attaque contre le Qatar du 9 septembre est le cinquième acte de guerre d’Israël contre un Etat souverain en deux ans. Mais celui-ci est différent, car l’émirat est un partenaire ami de l’Occident. Et rien n’exclut que les Américains aient participé à son orchestration. Quant au droit international, même le dépositaire des Conventions de Genève, la Suisse, ne fait rien pour le maintenir en vie.

«Le crime d’agression s’entend de (…) la commission d’un acte consistant pour un Etat à employer la force armée contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre Etat.» C’est ainsi que le statut de Rome de la Cour pénale internationale définit le crime d’agression. Après le Liban, la Syrie, le Yémen et l’Iran, Israël a maintenant agressé le petit émirat du Qatar, 3 millions d’habitants dont seuls 360 000 jouissent de la citoyenneté qatarie. Entre les quatre premiers pays agressés et le cinquième, il y a une différence qualitative fondamentale: tandis que le Liban, la Syrie, le Yémen et l’Iran font partie de l’axe de la résistance menaçant Israël et sont considérés comme des ennemis par l’Occident, le Qatar est tout le contraire.
Pour une fois, même la Suisse a réagi!
D’abord, l’émirat entretient des liens économiques et financiers étroits avec les pays occidentaux. Ses exportations de gaz vers l’Europe ne couvrent que 10 % des besoins européens, mais une augmentation massive de la production qatarie devrait accroître cette proportion dans les prochaines années. Surtout, le Qatar a investi massivement dans l’immobilier de luxe à travers l’Europe, principalement en France et au Royaume-Uni. En Suisse, rien moins que l’emblématique Schweizerhof de Berne, le Royal Savoy de Lausanne, et le fameux Bürgenstock, théâtre de la parodie de congrès de la paix organisée par Amherd et Zelensky en 2024. Bref, lorsqu’Israël s’en prend au Qatar, c’est un partenaire de l’Occident qui est attaqué. Ceci explique sans doute pourquoi la plupart des pays européens ont critiqué cette action – y compris la Suisse, qui l’a qualifiée de «claire et inacceptable violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Qatar». Est-ce que cette agression co...

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