«Cobra», le lance-mines qui s’attaque à nos impôts

Publié le 3 mai 2019

Ruag a déjà enregistré, rien qu’en 2017, des coûts supplémentaires de 10 millions de francs liés à des problèmes imprévus. – © Wikipédia

La société d’armement Ruag, financée par la Confédération, devrait être dans ses petits souliers. En 2016, le parlement validait l’achat pour 404 millions de francs du nouveau lance-mines «Cobra», soit plus d’un quart du programme d’armement. Petit problème: Cobra ne fonctionne toujours pas et Ruag a déjà dû payer une amende salée. Pire encore: le parlement n’était pas au courant. Viola Amherd mettra-t-elle de l’ordre dans ce fouillis?

A l’heure des débats sur les armes, une nouvelle venue il y a trois ans dans la politique d’armement suisse semble sortir des cavernes thurgoviennes pour arriver dans les médias alémaniques. Ceux-ci, à raison, ont commencé à s’intéresser à «Cobra», un lance-mines de deux mètres de long, pouvant tirer des grenades de 12 cm sur une trajectoire courbe et sur une distance pouvant atteindre 9 kilomètres. Début 2015, l’engin était présenté à Abou Dabi par un directeur de Ruag à l’une des plus grandes foires aux armes du Moyen Orient. En 2016, le parlement acceptait son achat pour la modique somme de 404 millions de francs.

C’est que ce mortier mastoc n’est pas seulement destiné à être vendu à l’étranger: les 32 exemplaires achetés pour l’armée suisse devront être installés sur des véhicules Piranha, ces chars bien connus des soldats «équipage» de l’armée suisse et fabriqués par la société Mowag, basée en Thurgovie. Mais trois ans après, seul un prototype a été envoyé en caserne, et il présente encore des défauts techniques. Ruag a… 34 mois de retard. Comme nous l’apprend la Basler Zeitung, l’entreprise publique a déjà enregistré, rien qu’en 2017, des coûts supplémentaires de 10 millions de francs liés à des problèmes imprévus. Les essais de troupe n’ont pas encore commencé. Quant à l’export, un fiasco total: Cobra ne compte aujourd’hui qu’un seul client, le très sympathique Etat d’Oman.

Un manque de contrôle de gestion

Qu’il y ait eu des difficultés techniques inattendues n’est pas le problème:...

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