C’est la fête, et la politique s’en mêle

Publié le 8 septembre 2023
S’il est compréhensible que les festivités accueillant du public nécessitent une supervision responsable des pouvoirs publics, ceux-ci ne devraient pas en profiter pour exercer une trop grande ingérence. Les fêtes et les festivals ne sont pas des lieux où faire de l’éducation civique, ou de la propagande électorale.

Un observatoire
Avec la rentrée, la grande saison des fêtes et des festivals vient de s’achever. Il y en a eu des milliers de tailles très variables. Chacun de ces rendez-vous a offert un observatoire de notre société. Certains rassemblements sont en phase avec la consommation de masse: deux millions de personnes en trois jours au Züri-Fäscht, la plus grande fête populaire du pays; un quart de million au Paléo, sur six jours; un quart de million au Montreux Jazz, en 500 concerts, sur 16 jours; 100'000 à l’Open Air de Gampel, en un week-end; etc. Du côté des pratiques vertueuses, se généralise la conscience d’une nécessaire gestion raisonnée des déchets. Il était temps! Du côté des pratiques douteuses nous aurons vu que des stars arrivent à toucher un cachet à six chiffres pour des performances en play-back, que l’argent liquide est de plus en plus banni des festivals, et que très rarement l’énergie consommée fait l’objet d’un bilan. Ces pratiques ne font que traduire le fait que nous vivons dans une société du paraître, où la surveillance digitale est croissante et l’écologie de façade. La tendance qui retiendra pourtant notre attention est celle des pouvoirs publics à intervenir de plus en plus dans la programmation des festivités.
Festivités et pouvoir
Le pouvoir politique a de tout temps eu intérêt à distraire les foules, au-delà d’assurer le minimum pour la subsistance de chacun. C’est ce que résume la locution panem et circenses. La télévision, les événements sportifs, et beaucoup de fêtes et beuveries estivales contribuent à cette stratégie. Les latins disaient aussi semel in anno licet insanire: une fois par an il est légitime de devenir fou. Ainsi, pendant le carnaval, un monde à l’envers est souvent mis en scène, où c’est le roi de la fête – généralement un pau...

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