La guerre qui n’en finit pas

Publié le 7 janvier 2021
S’il y a un abcès belliqueux, pas si loin de l’Europe, dont on préfère détourner le regard, c’est bien celui qui ronge depuis une dizaine années tout le sud du Sahara. En 2020, l’impasse est apparue plus crûment que jamais, malgré les appels au sursaut de la France à la conférence de Pau, dite du G5 Sahel. Les groupes rebelles restent actifs et déstabilisent les fragiles Etats. La meurtrissure s’ajoute à la détresse économique, encore accrue par la crise sanitaire mondiale.

Le Mali est le plus touché, mais aussi la Mauritanie, le Niger, le Burkina et le Tchad. Que s’est-il passé? Tout s’est emballé avec l’intervention franco-britannique en Libye contre Khadafi: des quantités d’armes ont filé vers le sud, vers plusieurs groupes rebelles. Les uns animés par de vieux conflits (entre populations arabes et noires, sédentaires et nomades, réunies dans des frontières artificielles), les autres aspirés par les mouvances islamistes, proches de Al Qaida et de l’Etat islamique replié pour une part en Afrique après avoir été chassés de Syrie. Tous jouant la carte du refus du «néo-colonialisme» occidental.
La France est venue en appui militaire aux Etats visés. Les alliés? Les Etats-Unis fournissent des informations à partir de leurs satellites. Des Européens se joignent à l’opération en prenant soin de ne pas trop exposer leurs soldats. Un peu de logistique allemande. Les Britanniques, les Estoniens, les Danois, les Suédois, les Tchèques sont aussi présents avec quelques commandos et des hélicoptères. Quant à la «Force conjointe du G5 Sahel» des Nations unies, elle est sensée, avec ses 13 000 hommes, venir en appoint pour stabiliser les régions pacifiées.
Des populations abandonnées
Car c’est bien là le nœud du drame. Il ne suffit pas de pourchasser les groupes rebelles, de «neutraliser» quelques-uns de leurs leaders. Lorsque les armées locales, françaises et internationales parviennent à libérer des territoires des assauts islamistes, la situation des populations ne s’améliore guère. Loin des capitales, elles restent abandonnées par les Etats, sans guère d’écoles et d’hôpitaux, sans véritable structure administrative. La plupart des gouvernements concernés sont coupés de ces réalités, souvent corrompus, soucieux d’abord de se perpétuer au pouvoir.
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