Le «consensus de Washington» découvre les inégalités

Publié le 18 août 2020

Le FMI critique la baisse du taux d’imposition des entreprises américaines à 21% de leurs bénéfices, une mesure voulue par Donald Trump et votée par le Congrès à la fin 2017. – © DR

Le FMI et la Fed sont deux grandes institutions qui donnent le ton du politiquement correct en langage économique libéral. L'essor foudroyant de la pauvreté provoqué par la crise du Covid-19 leur fait admettre que de profondes réformes sont nécessaires. A commencer par des hausses d'impôts sur les riches et sur les sociétés, notamment aux Etats-Unis.

A cœur de la ville de Washington, il ne faut que quelques minutes de marche pour passer du Département du Trésor (voisin de la Maison-Blanche) au siège de la Banque mondiale. Laquelle se trouve tout près du Fonds monétaire international (FMI). De là, moins de 10 minutes à pied conduisent au siège de la Federal Reserve (Fed), la banque centrale des Etats-Unis. Les armées d'économistes chevronnés qui y travaillent s'y rendent généralement via les mêmes arrêts de métro (Farragut et McPherson Square, voire Dupont Circle pour ceux qui aiment boire un verre sympa après le travail). Depuis des décennies, leurs analyses convergent pour vanter l'efficacité des marchés et les bienfaits de la concurrence, notamment fiscale. C'est ce que l'on appelle le «consensus de Washington».
Mais ce consensus s'érode. La crise du Covid-19 met si crûment à nu les inégalités sociales face à la pandémie, notamment aux Etats-Unis, qu'il est de plus en plus difficile aux grandes institutions financières internationales de prétendre les atténuer au moyen des recettes habituelles, préconisées depuis quatre décennies et dont les dangers ont été mis à nu lors de la crise financière de 2008-2009, puis lors de la crise grecque, qui a obligé le FMI à ouvrir les yeux sur les conséquences sociale de ses programmes d'assainissement économique.
«Renforcer le filet social»
Mais cette fois-ci, ce sont les Etats-Unis eux-mêmes qui sont au centre des critiques. D'abord de celles du FMI. Dans leur dernière appréciation annuelle de l'économie de l'Oncle Sam parue ce mois d'août, les spécialistes du Fonds ne font pas que réitérer de vieilles critiques, comme celle de l'absence de TVA (les USA sont le seul pays développé à ne pas l'avoir introduite). Ils en introduisent de nouvelles: le creusement de la pauvreté dést...

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