L’homophobie dans le milieu de la pédale

Publié le 12 juillet 2019
Dans le jargon du cyclisme, «les chaussettes en titane», c’est l’équivalent de la pédale légère. Les jours avec, quand les cols se laissent avaler presque sans résistance. Olivier Chapuis en a fait le titre d’un micro-roman tout frais paru chez l’éditeur lausannois BSN presse, dans la collection Uppercut. Une collection de petits livres percutants, tous liés au sport, initiée en 2017 et aujourd’hui forte d’une dizaine de titres.

L’écrivain se glisse dans la peau d’un des champions du Tour de France. Une machine à gagner, un forçat du bitume qui enchaîne les étapes la tête dans le guidon. Cette obsession de la victoire ne l’empêche pas d’aimer sa femme, de souffrir de devoir réfréner ses élans quand elle le rejoint à une étape, compétition oblige, tout en s’estimant heureux de pouvoir au moins l’embrasser en public. Un de ses coéquipiers se trouve pour sa part contraint de vivre sa relation affective dans la plus grande discrétion. Parce que, dans ce milieu, l’homosexualité, ça ne pardonne pas.             En parallèle, plusieurs manifestations contre l’homophobie perturbent la course, profitant de la visibilité offerte par la Grande Boucle.      Un récit enlevé, rythmé, plein de délicatesse, pimenté par le sens de la métaphore auquel l’auteur nous a habitués dans ses ouvrages précédents, qui soulève des questions intéressantes sur la société et la condition humaine.

Olivier Chapuis. © Anne Bichsel
Vous avez déjà écrit sur l’homophobie dans le recueil Gay story paru chez Grimal en 2011, pourquoi ce sujet vous touche-t-il autant?
L’identité sexuelle est un sujet qui me travaille, parce que si la reproduction était le but de la nature, on devrait tous être hétéros. Or, on voit toutes sortes de configurations qui donnent lieu à des discriminations. Dans mon enfance, j’ai été touché par la problématique des minorités à travers la maladie de mon père ou par le fait que j’étais plus grand que tout le monde, gaucher, etc..
Les homosexuels sont-ils encore victimes de discrimination de nos jours en Europe occidentale?
J’ai placé l’histoire dans le sport professionnel, parce que là, il y a encore un problème. Je l’ai constaté en écoutant des interviews. Dans l’ensemble, ça s’est amélioré, on accepte mieu...

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