J. K. Rowling et le cinéma qui nivèle par le bas

Publié le 24 janvier 2019

«En reproduisant toujours les mêmes schémas, la machine du blockbuster ringard est une honte pour le cinéma, mais ce n’est pas bien grave. Ce qui est plus grave, c’est qu’elle porte atteinte aux enfants, qui ont mieux à faire pour développer leur esprit et leur créativité.» – © Warner

Il ne suffit presque que d’un «wingardium leviosa» pour faire lever le revenu de J. K. Rowling. A en croire la véritable «Harry Potter-mania» ravivée par la nouvelle série de films «Les animaux fantastiques», c’est une véritable érection de baguette magique! L’occasion, peut-être, de nous interroger sur le cinéma niveleur, bien loin du divertissement sain d’un roman.

152 millions: c’est le nombre de dollars que pèse à cette heure rien que sur le Box Office US le nouveau volet de la saga Les animaux fantastiques, écrite par une certaine J. K. Rowling. Il y a comme un parfum de Laetitia Hallyday dans cette actualité: se faire des millions sur le dos d’un mort – pardon, d’une œuvre. C’est que l’aventure Harry Potter, qu’on le veuille ou non, appartient au passé. Echappatoire fantastique pour des millions de lecteurs puis de spectateurs dès la fin des années 90, l’univers du jeune sorcier n’est véritablement merveilleux qu’aux yeux de cette génération précise. C’est un fait: mes amis et moi sommes plus spécialistes en généalogie des Lestrange, en racines de mandragore et en capes d’invisibilité que nos jeunes cousins.

En tant que mastodonte du cinéma fantastique au sens large, Harry Potter fait partie de la culture générale – aux dernières nouvelles, la culture populaire y est incluse. Et c’est par respect pour cet élément de patrimoine commun qu’on ne peut digérer son remake indécent. Centrer l’intrigue autour de bestioles pour faire plaisir à notre époque où le «mignon» et le «chou» sont rois? Bonjour la blague! Cette résurrection du monde des sorciers est d’autant plus scandaleuse qu’il n’y a d’animaux que dans le titre: c’est un réchauffé de Voldemort et de l’enfant promis qui est servi actuellement sur ce plat tiède.

Un phénomène dépassant de loin la nouvelle saga

Mais élargissons un peu le champ et...

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