Zoom avant ou zoom arrière

Une affaire qui prend des proportions incohérentes…. – © DR
Les innombrables débats et commentaires, sur toutes les chaînes de radio et de télévision, ont tout dit et redit sur cette affaire. Une seule question n’a été que trop rarement posée: les médias en ont-ils trop fait? Beaucoup de gens s’interrogent pourtant. Quel que soit le jugement que l’on pose sur les faits et leur signification politique, le traitement médiatique est mis en cause.
L’effet boule de neige est étouffant. Chaque rédaction pense se valoriser en apportant chaque jour si possible une bribe d’information, un petit bout de vidéo en plus sur le même sujet. Elle se dit qu’elle aura ainsi une chance d’être citée, reprise sur les moulins à parole de l’information continue. Alors le soufflé monte. Alimenté par l’opposition en fièvre qui pense tenir enfin un cheval de bataille efficace contre le pouvoir de Macron, nourri aussi par les tuyaux que refilent les organes de sécurité traditionnels irrités par ce type arrogant aux compétences floues. Les uns hurlent à l’affaire d’Etat. Les politiciens presque oubliés, en mal d’attention, en profitent pour se jeter sur le cadavre sanglant d’une affaire mort-née. Les autres se taisent ou s’embrouillent dans les explications. Le président reste à peu près silencieux. Et c’est alors que TF1 croit frapper le grand coup en donnant la parole audit Benalla, en costard très civil cette fois, pendant 25 minutes au journal de 20 heures, tandis que Macron assure l’antenne sur BFM TV. La France est-elle devenue folle?
On attend autre chose des médias. Qu’ils disent tout des dérapages du pouvoir, bien sûr. Mais qu’ils les resituent dans une perspective plus large. Zoom arrière. Au regard de l’histoire. Des précédents: au regard de ce qui se passe ailleurs dans les coulisses sombres des Etats. Au regard enfin des autres événements qui agitent le pays et la planète au même moment. Mais non. La machine ne fonctionne pas ainsi. Elle nous envahit la tête avec le Mondial. Puis avec Benalla. Heureusement que la canicule et la panne de la gare Montparnasse contraignent les journalistes à changer un peu le sommaire.
L’effet de ces emballements successifs? Ils font monter la nervosité, obscurcissent la perception du monde. Bref, nous rendent cons. Et en prime, le sentiment de se trouver débordé par ces déluges redondants contribue à la détestation dite ou non dite des médias. Le président de la République lui-même leur voue une aversion de plus en plus voyante. Non sans raisons. Mais dans un réflexe dangereux dû à son horreur de toute critique, l’ego surdéveloppé de Macron plus celui de son conseiller bidon et bagarreur, c’est lourd. Et si l’on ajoute celui des journalistes qui s’égosillent comme des coqs rivaux dans la basse-cour, cela devient assourdissant.
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