Quand la lettre et l’esprit de grands livres sont magnifiés sur les écrans

Publié le 3 janvier 2025
Deux chefs-d’œuvre de la littérature contemporaine, «Expiation» d’Ian McEwan, et «Cent ans de solitude» de Gabriel Garcia Marquez, passent au grand et au petit écran avec un rare bonheur. L’occasion de se poser quelques questions sur les transits souvent hasardeux des adaptations de toute sorte…

Comparaison n’est pas raison, dit-on, et moins encore compétition même si le rapprochement, la mise en rapport, l’évaluation différenciée se justifie en cela qu’elle éclaire à la fois les spécificités d’arts bien distincts et les qualités particulières des œuvres, et cela semble en tout cas ce qu’on peut observer en regardant, après avoir lu les romans d’origine, leurs adaptations, à savoir: Expiation de l’auteur anglais Ian McEwan, paru en 2001 et traduit en français en 2003 aux éditions Gallimard, puis adapté par le réalisateur Joe Wright en 2007, sous le titre de Reviens-moi, aussitôt gratifié des plus hautes distinctions (notamment pour la musique de Dario Marianelli) puis de l’aval massif du public, et le «cultissime» Cent ans de solitude du Colombien Gabriel Garcia Marquez (prix Nobel de littérature 1982), longtemps réticent envers toute adaptation de son roman, lequel fait cependant l’objet aujourd’hui d’une série «adoubée» par ses héritiers, signée Laura Mora Ortega et Alex Garcia López et comptant 16 épisodes dont les 8 premiers se découvrent ces jours sur la plateforme de Netflix.   
Avatars des nouveaux transits 
On peut se gausser des fans du dernier jeu vidéo inspiré par la traversée des enfers de La Divine Comédie du vénérable Dante Alighieri, ou se moquer du «kitsch» en se rappelant, tiré de l’immortel Don Quichotte, L’Homme de la Mancha (1972) d’un certain Arthur Hiller surtout connu pour sa version cinématographique de Love story, sans conclure que le passage de l’écrit «élitaire» au cinéma constitue forcément une altération voire une perte, et quelques exemples fameux le prouvent à divers degrés, tels Crime et châtiment de Dostoïevski dans la version d’Akira Kurosawa, Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry adapté par John Huston, Hiroshima mon amour in...

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