Javier Milei, six semaines au pouvoir et une grève

Publié le 26 janvier 2024
Un mois et demi après son investiture, le président argentin Javier Milei semble tenir ses promesses de campagne. Des tailles dans les lois de protection sociale, des privatisations, et un cap: débarrasser les Argentins de l’Etat. Le FMI lui fait confiance, tandis que l’opposition a organisé ce mercredi la première manifestation de l’ère Milei. Désastre ultra-libéral ou cure d’assainissement pour l’économie argentine? Les avis divergent. Revue de presse et contradictoires pour tâcher d’y voir plus clair.

Ce mercredi 24 janvier avait lieu la première manifestation en opposition à la politique de Javier Milei, le nouveau président argentin au pouvoir depuis un mois et demi. Même si le pays n’a pas été mis à l’arrêt, une grève générale était annoncée et des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues des grandes villes aux cris de «la patrie n’est pas à vendre», «manger n’est pas un privilège». La CGT, principal syndicat argentin comptant 7 millions de membres (le syndicalisme est obligatoire), avait appelé à la mobilisation, soutenue notamment par ses homologues français. 
Les opposants de Milei ont également déposé 60 recours en justice contre sa décision de gouverner par décrets. Plusieurs ont des chances d’aboutir, d’autant que le parti du Président n’est que la troisième force politique au Parlement
L’hebdomadaire économique Challenges donne quelques clés pour comprendre la situation. 
Libertarien et populaire
Cette mobilisation, que la ministre de l’Intérieur Patricia Bullrich a fustigée, pointant du doigt «des syndicats mafieux» est une réaction aux premières mesures prises par l’économiste, qui n’a pas tardé à mettre en œuvre son programme «libertarien». Milei avait fait campagne sur la promesse de tailler dans les dépenses publiques, tronçonneuse en main, et a été élu par 56% des votants. Son élection a créé une onde de choc dans le monde, et particulièrement dans le monde des médias. 
Challenges note ainsi que le président argentin «est devenu l’incarnation même du populisme politique, bien au-delà de l’Argentine». L'hebdomadaire rappelle également que les opinions de Milei sont bien tranchées, tel qu’il les a exposées dans son discours au Forum de Davos: il dénonçait «le collectivisme, le fascisme, le nazisme, le progressisme, la social-démoc...

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