Publié le 28 juillet 2023
On se souvient de la fameuse formule que Staline servit à Laval en 1935 pour tourner en dérision la puissance du Vatican: «Le Pape, combien de divisions?» Depuis sa création en 2001, les pays occidentaux n’ont guère pris au sérieux cet assemblage hétéroclite de pays émergents qui n’ont a priori pas grand chose en commun et qui, parfois, se détestent cordialement comme l’Inde et la Chine.

Mais on peut craindre qu’ils aient commis la même erreur que Staline, dont les héritiers se virent évincer de l’histoire en 1991 parce qu’ils avaient sous-estimé le pouvoir du Vatican, alors aux mains du pape polonais Jean-Paul II, et la supériorité écrasante de l’idéologie capitaliste sur les tanks et l’industrie lourde communistes. Le rapport de forces économique est en effet en train de basculer, lentement mais sûrement, en faveur des pays du sud.
L’an dernier, le PIB nominal des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, 31,5% du PIB mondial) a dépassé celui du G7 (Etats-Unis, Japon, GB, France, Allemagne, Italie, Canada, soit 30,7% du PIB mondial). Leur poids démographique, et donc la taille de leur marché potentiel, est trois fois supérieur à celui des sept économies les plus développées (3 milliards contre un millard). Mais surtout la dynamique joue en leur faveur, tant pour la croissance économique que pour l’attraction qu’ils exercent dans le sud global, puisque 13 pays (de l’Algérie à l’Ethiopie en passant par l’Argentine et le Mexique) ont déposé une demande formelle d’adhésion et que six à neuf autres selon les sources ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe.
On objectera avec raison à ces chiffres que la qualité des briques ne suffit pas à construire une maison solide et durable: encore faut-il que le ciment et les maçons soient à la hauteur. Plus ancien, plus intégré, plus homogène politiquement et idéologiquement, habitué à gérer les affaires du monde sans partage, dominant au Conseil de sécurité et à l’ONU, le G7 possède de ce point de vue des avantages évidents. Sera-ce suffisant? Ce n’est pas sûr car les membres des BRICS et les prétendants au club semblent déterminés à remettre en cause l’ordre établi et à s’affirmer sur la scène int...

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