13 novembre 2015, troisième

Publié le 4 novembre 2022
«Vous n'aurez pas ma haine» de Kilian Riedhof revient sur l'atttentat du Bataclan à travers le prisme du deuil. D'après le fameux récit d'Antoine Leiris, un film d'une justesse et d'une dignité remarquables, qui impose Pierre Deladonchamps comme un comédien de tout premier plan.

Et si le meilleur film sur les attentats qui frappèrent Paris le 13 novembre 2015 était... allemand? Sortant sur les talons de Revoir Paris d'Alice Winocour et Novembre de Cédric Jimenez, Vous n'aurez pas ma haine offre en effet pour première surprise d'être réalisé par un Allemand, Kilian Riedhof, produit par Komplizen Filme (Maren Ade & co) et tourné en partie en studio à Cologne. Distance salutaire? En tous cas, ce film qui réussit à paraître 100% français s'impose comme le plus impeccable du lot, sans les imprécisions parfois gênantes du premier et l'efficacité un peu basique du second. Il serait donc particulièrement regrettable qu'il subisse un effet de rejet ou de lassitude lié au sujet. Car si on ne promet pas une partie de plaisir, ce partage au plus intime d'une expérience douleureuse est de ceux qui vous élèvent l'âme.
Après le récit d'une survivante (Revoir Paris) et celui des enquêteurs traquant les terroristes (Novembre), voici donc celui d'un homme qui perd la femme qu'il aime. Un simple récit de deuil, sauf que justement cela n'a rien de simple, le deuil, comme l'a rappelé le livre éponyme d'Antoine Leiris dont il s'agit de l'adaptation. Un soir, ce journaliste culturel a vu disparaître pour toujours la mère de son jeune fils d'à peine un an, sortie s'offrir une soirée concert. Hélène est morte avec 88 autres personnes au Bataclan, assassinée par un commando se réclamant de l'Etat islamique, Daech. Comment répondre à ça? Désemparé, Leiris n'a qu'une arme, son écriture. Il va ainsi faire sensation en postant sur Facebook une sorte de lettre ouverte aux terroristes, bientôt reprise en Une du quotidien Le Monde. Mais cela n'empêche pas tout le reste, cette vie au jour le jour devenue quasiment insurmontable...
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