A la chinoise. En version soft

En clair, la police pourra frapper à votre porte, entrer, mesurer la température et en cas de dépassement de la norme porter plainte pénale. Non pas une amende d’ordre comme lorsqu’on reste trop longtemps sur une place de parking sans payer, non, une convocation chez le juge. A la chinoise! Mais tout gentiment… Peines financières et même de prison (jusqu’à trois ans!) à la clé.
A première vue, cela ne paraît pas trop effrayant. Les cantons à qui incomberont ces contrôles traîneront les pieds. Les magistrats estimeront sans doute qu’ils ont mieux à faire que de punir les frileux. Mais le principe donne à réfléchir. Fortes de leur expérience lors de la crise sanitaire, les autorités se permettent une surveillance des particuliers autrefois impensable.
Intéressante aussi la manière d’éclipser le débat. Des allumés ont diffusé sur les réseaux sociaux une fausse info selon laquelle les délateurs de leurs voisins trop chauffés seraient récompensés. Tollé, indignation dans les médias contre ce bidonnage. Mais aucun espace pour qui voit, en toute sérénité, dans ces «contrôles ponctuels» un pas de plus dans l’atteinte à la sphère privée. Au fait qui s’en inquiète? Pas grand monde. Les parlementaires hochent du bonnet dès que l’on invoque le prétendu bien commun. Ils en on pris l’habitude pendant la crise sanitaire.
Cette gronderie du pouvoir, quelque peu absurde, n’est qu’une façon de cacher son désarroi face au problème de fond. Le Conseil fédéral se montre totalement désemparé sur la question énergétique. A la différence de nos voisins, aucune réserve de gaz n’a été prévue dans le pays. Le marché de l’électricité est laissé à des opérateurs aux méthodes opaques. Certains prévoient des hausses de tarifs hallucinantes, d’autres paraissent plus raisonnables. Les uns mendient des milliards d’aide, les autres s’en passent. Trop facile d’affirmer que ce casse-tête n’est dû qu’à la guerre en Ukraine, comme le répète Mme Sommaruga. C’est tout l’édifice de l’approvisionnement qui est depuis belle lurette à vau-l’eau. Les augmentations de prix annoncées mettront nombre d’entreprises en graves difficultés sinon en faillite. Les autorités, à tous les niveaux, le savent. Mais elles se gardent de dire comment elles entendent agir plus globalement. Sinon en nous recommandant des pulls bien chauds.
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