Tout Leonard Cohen dans une chanson

Publié le 24 mars 2023
Documentaire exceptionnel, «Hallelujah - Leonard Cohen, a Journey, a Song» trouve une manière originale de raconter ce géant de la musique, à travers sa chanson la plus populaire. Au fil des ses mutations, elle exprime parfaitement l'art et le destin du génial poète-chanteur canadien, tiraillé entre le profane et le spirituel.

Disparu en 2016 à 82 ans, Leonard Cohen n'a pas pu participer au présent documentaire, mais c'est tout comme, tant sont nombreux les documents d'archives le concernant. Cela fait désormais partie du destin des pop-stars que de se voir consacrer des films de montage posthumes, en plus des usuelles biographies écrites ou filmées sous forme de biopic. Mais pour que le résultat soit digne d'être montré en salle plutôt que sur le petit écran, il aura aussi fallu que les cinéastes affinent leur art. Après les réussites de Kevin McDonald (Marley), Asif Kapadia (Amy), Ron Howard (Pavarotti), Brett Morgen (Moonage Daydream, sur David Bowie) ou Giuseppe Tornatore (Ennio), la barre est désormais placée haut. Heureusement, Daniel Geller et Dayna Goldfine, couple de documentaristes américains actif depuis 1989, n'ont pas failli avec Hallelujah.
Pour commencer, ils ont trouvé un fil rouge original pour raconter Cohen, en se concentrant sur la genèse et la postérité de la chanson qui donne son titre au film. Apparue fin 1984 sur l'album Various Positions, «Hallelujah» aurait tout aussi bien pu disparaître avec cet album maudit, refusé par le label qui l'avait commandité (Columbia) avant de ne sortir qu'à l'international puis sur un label confidentiel aux Etats-Unis. Sept années de travail et plus de 150 vers (Cohen lui-même avoue un processus plus laborieux que jamais) pour ça? Heureusement, elle n'est pas tombée dans l'oreille de sourds, quelques éminents collègues tels que Bob Dylan et John Cale commençant à l'interpréter en concert avant que l'étoile filante Jeff Buckley ne la popularise (elle figure sur son unique album, Grace, de 1994). Puis c'est Cohen lui-même qui la reprend en live... avec de nouvelles paroles!
Une profonde quête spirituelle
A partir de là, il y a l'avant et l...

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