Salut à quelques personnages

Publié le 14 mars 2018

Natacha Rostov (Clémence Poésy) et le prince Andreï (Alessio Boni) dans le téléfilm de Robert Dornhelm, 2007. – © DR

S'ouvrir à la surprise de la redécouverte littéraire, artistique; changer de longueurs d’onde, prendre du champ, bref: se montrer in#actuel. Autrement dit, indocile. Une autre façon encore d’aborder l’actualité.

Qu’aime-t-on dans un roman? Le style? Les descriptions? Les personnages? Ou plus simplement l’intrigue, c’est-à-dire l’«histoire» qu’on nous raconte? Ces questions je me les pose souvent. Et pas seulement parce que j’ai moi-même publié plusieurs romans et que je travaille à un nouveau. Non, c’est d’abord le lecteur passionné que je suis qui s’interroge à ce propos.

«Entre 18 et 20 ans, note André Malraux, la vie est comme un marché où l’on achète des valeurs non avec de l’argent, mais avec des actes. La plupart des hommes n’achètent rien.» Je crois moi aussi que tout, d’une certaine manière, se joue, se décide durant ces années-là. Combien de livres, lus à cet âge, nous ont-ils marqué à jamais? Quand bien même, plusieurs d’entre-eux, lorsqu’on les relit bien plus tard nous tombent alors des mains. N’importe. Ils n’en ont pas moins été décisifs dans ce choix des valeurs dont parle le romancier. Et je pourrais en citer beaucoup. Henry Miller, Plexus; Aragon, Le Paysan de Paris; Malraux, que je viens de mentionner. La liste est longue; il serait fastidieux de la mentionner toute.

Les raisons qui nous font aimer un roman, je l’ai dit, sont diverses, multiples, mais elles se rapportent toutes au «monde» qui s’y déploie, propre à chaque écrivain. Le monde d’Alexandre Dumas, celui des Trois mousquetaires, n’est pas celui de Stendhal et de La Chartreuse de Parme. Pas davantage que celui d’A la recherche du temps perdu de Proust n’est celui des romans du Monde...

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