Peut-on encore voyager à l’ère des smartphones?

Publié le 11 janvier 2019

«L’immersion est-elle véritablement possible à l’heure des iPhones et autres partenaires particuliers qui rendraient jaloux n’importe qui tant ils sont familiers de notre toucher?» – © Bon pour la tête / Jonas Follonier

Choisir une destination, après réflexion ou non, faire sa valise, donner un dernier coup de ménage à son appartement, et partir. Partir au loin, partir à côté, mais partir. Le voyage a la cote. Mais qu'en est-il du véritable voyage, celui qui rime avec immersion dans une autre réalité? Est-il encore possible de vivre l'altérité tout en étant connecté avec le monde, avec son monde?

Il fut un temps où les jeunes issus des bonnes familles européennes effectuaient leur «Tour d’Europe», pour découvrir le monde et se former. Même si cette sorte de tradition n’était réservée qu’à une élite, elle dit quelque chose de notre identité d’Européens. Partir, aller à la rencontre de l’altérité, de l’exotisme, écrire des récits de voyage, voilà une chose que chérit le Vieux Continent. Partir à la conquête du monde, en quelque sorte, pour le meilleur et pour le pire. Fonder un Nouveau Monde, ou revenir dans le sien. Une vaste histoire d’aventures merveilleuses et scandaleuses, dans laquelle nous nous inscrivons.

Sauf que depuis quelques années, tout comme la possibilité de voyager, les outils technologiques aussi se sont démocratisés, au service d’un mondialisme de moins en moins consenti par les peuples européens dans leurs votes, mais bel et bien ancré dans leurs actes. Ce petit objet que nous avons tous dans notre proche en cet instant même, oui, le fameux smartphone, régente et régit nos vies. Et peu d’entre nous le laissent à la maison au moment d’aller prendre l’avion.

«Cela change-t-il vraiment quelque chose?» dira le sceptique. «Oui», lui répondrai-je. Imaginez: je m’envole au matin du 1er janvier pour Londres, où je vais séjourner pendant un mois pour améliorer mon anglais et me plonger dans l’atmosphère anglo-saxonne. Je relève une énième fois mes e-mails – mais enfin, il n’est même pas midi et je l’ai déjà fait une vingtaine de fois! – envoie quelques messages, lance une playlist...

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