Manipulation à grand tirage

Publié le 4 février 2018

Il faut un certain culot pour affirmer, au vu de la prospérité des deux dernières décennies, que «la libre circulation n’a rien apporté de ce qui avait été promis». – © 2018 Bon pour la tête

La campagne électorale commence. L’UDC diffuse une «édition spéciale» de 16 pages à tous les ménages. Quand on a les moyens, on fonce. Triple feu. Contre l’accord-cadre avec l’UE, contre la libre circulation des personnes et contre la protection des salariés. Une nouvelle initiative est en route. Et maintenant les syndicats sont dans le viseur. La fille de Blocher ferraille contre eux, docilement relayée par Jean-François Rime, président de l’USAM. Mais que veut au juste cette équipe? On vous le dit. Un total retour en arrière dans l’histoire. Dans les années 70. Quand l’UE n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Quand on faisait venir de gentils saisonniers corvéables à merci. La gauche ferait bien de monter sans tarder au filet. Et la droite moderne aussi.

Quelle jubilation chez les nationalistes blochériens quand les Britanniques ont claqué la porte de l’Union européenne! Le problème, c’est qu’ils s’y sont pris les doigts. Et cela fait mal. 

La croissance cale, la livre chute, la peur du lendemain s’installe. Le plus visible, c’est le désarroi des étrangers européens qui voyaient autrefois la Grande-Bretagne comme l’eldorado et qui aujourd’hui partent ou songent à partir. Surtout les plus qualifiés d’entre eux, assurés de trouver ailleurs un horizon moins incertain. Les professeurs et chercheurs étrangers des grandes universités qui les quittent sont plus nombreux que ceux qui arrivent. Le nombre des étudiants est aussi en baisse. Dans les entreprises le malaise grandit aussi: les spécialistes pointus hésitent à accepter des postes parce que promis, avec le Brexit, à des tracasseries bureaucratiques nouvelles. Quant aux hôpitaux, ils ne savent plus où donner de la tête: les infirmières et médecins européens (60% d’entre eux) s’en vont ou cherchent à le faire. Tout cela parce que le gouvernement de Theresa May, dans la foulée du référendum, veut en finir avec la libre circulation des personnes au niveau européen. 

Et c’est ce que réclame à grands cris l’UDC.
L’article de Mme Martullo-Blocher dans sa brochure en dit long sur sa mauvaise foi et sur ses arrière-pensées. Il faut un certain culot pour affirmer, au vu de la prospérité des deux dernières décennies, que «la libre circulation n’a rien apporté de ce qui avait été promis». Qu’elle ait aussi provoqué des difficultés sociales, personne ne le...

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