Publié le 8 mars 2021

En Inde, les veuves sont soumises à un traitement particulier de la part de la société, très traditionnelle. Stephan Engler a rencontré quelques unes d’entre elles, qui ont choisi de s’isoler ensemble dans un village auto-géré. – © Stephan Engler

En Inde principalement dans les zones rurales, certaines coutumes d’un autre temps perdurent. Dans les villages, la vie des femmes bascule quand leur mari meurt, mais aussi quand il quitte le foyer conjugal définitivement pour d’autres raisons. La stigmatisation des veuves est profondément ancrée dans la religion hindoue: si une femme est pure et fidèle, elle saura protéger son époux de la mort et le gardera. Généralement c’est la belle-famille qui rend la femme responsable de tous les malheurs et lui donne son statut de veuve. C’est un immense fardeau à porter, car elles doivent toujours s’habiller de blanc (la couleur du deuil en Inde), ne peuvent plus se remarier ni assister aux fêtes et à la célébration de la naissance d’un enfant, de peur qu’elles n’apportent le "mauvais œil".

Toujours dans le registre des coutumes et rituels c’est en 1829 que les colonisateurs britanniques abolirent la pratique du Sati (principalement en Inde du Nord) qui consistait à ce que la veuve suive son mari sur le bûcher. 

Dans les autres religions, les veuves sont aussi mentionnées, par exemple dans l’un des trois grands miracles attribués au XVIe siècle à Notre Dame de la Bonne Santé à Velankanni, proche de Nagapattinam. Celui-ci parle d’une pauvre veuve avec son enfant boiteux qui guérit grâce à l’intervention de la Vierge. Heureux, il se mit à courir jusqu’à la ville pour annoncer la bonne nouvelle et y rencontra un riche bienfaiteur. Avec l’aide de la population ils bâtirent une première petite chapelle. Rapidement, ce lieu devient un sanctuaire visité par de nombreux pèlerins de toute croyances confondues. Aujourd’hui la ville et un lieu de pèlerinage très célèbre au Tamil Nadu, il est surnommé «Lourdes de l’Orient». 

De nos jours les veuves n’ont que deux choix possibles: rester dans leur village et mener une vie austère, ou partir sans rien pour espérer une vie meilleure.

Les enfants du village des veuves. © Stephan Engler


En fin d’après-midi sur la route au Sud de l’Inde, l’atmosphère est étouffante. Pendant ce mois de juillet, le thermomètre franchit allègrement la limite des 30 degrés. Nous sommes installés tant bien que mal toutes fenêtres ouvertes à l’arrière d’une Mahindra Bolero, une Jeep version indienne. Le parcours...

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