Les milieux scientifiques montent au front contre l’initiative de limitation

Publié le 28 août 2020

La science pâtirait d’un « oui » à l’initiative de limitation le 27 septembre. C’est l’avis de nombreux professionnels de la recherche, qui s’engagent en faveur du « non ». – © Adobe Stock

Le peuple suisse votera le dimanche 27 septembre sur l’initiative «Pour une immigration modérée», connue aussi sous le nom d’«initiative de limitation». Ce jeudi 27 août, un mois jour pour jour avant l’échéance, les institutions suisses de recherche et de formation se sont réunies à Berne pour marteler ensemble leur message: un oui, qui mettrait fin à la libre circulation des personnes et entraînerait la résiliation de l’accord sur la recherche avec l’Union européenne, aurait des conséquences dramatiques sur la science suisse.

Article publié sur Heidi.news le 27 août 2020


Pourquoi on en parle. La campagne des milieux scientifiques monte en puissance. La conférence de presse a rassemblé tous les principaux responsables des organisations scientifiques et des hautes écoles suisses: le président du Conseil des EPF Michael Hengartner, le président de swissuniversities Yves Flückiger, la directrice du Fonds national suisse Angelika Kalt, la secrétaire générale des Académies suisses des sciences Claudia Appenzeller et le président d’Innosuisse André Kudelski.

Tour à tour, les intervenants ont rappelé les principaux enjeux de la votation.

Attirer les talents étrangers. Pour conserver sa position scientifique enviable sur la scène internationale, la Suisse doit pouvoir recruter les meilleurs chercheuses et chercheurs, en Suisse et à l’étranger. Mais aussi donner à ses scientifiques la possibilité d’aller enrichir leur savoir-faire dans l’Union européenne. Michael Hengartner, président du Conseil des EPF:

«Sans la libre circulation, nous n’aurions plus accès aux talents et aux brillantes idées en provenance d’autres pays.»

Plus de la moitié des professeurs des écoles polytechniques fédérales et centres de recherches du domaine des EPF, comme l’EMPA ou le WSL, et un peu moins de la moitié de ses doctorants et post-doctorants sont originaires de l’Union européenne.

«L’accueil d’étrangers talentueux constitue un atout de taille pour l’économie du pays. Citons les exemples d’Heinrich Nestlé et de Nicolas Hayek. Ou encore les nombreux créateurs et créatrices de spin off issu des EPF. Beaucoup sont venus en Suisse...

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