Le secret bancaire, un mythe helvétique

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En dépit des zones d’ombre et des controverses entourant son existence, le secret bancaire a été soutenu pendant longtemps par une grande majorité de la population helvétique, qui y voyait le garant de la stabilité économique de la nation au sein du concert des grandes puissances. Sa disparition relative, en 2018, fait toujours débat.
Pendant longtemps, de nombreux commentateurs ont propagé l’idée que le secret bancaire avait été instauré en 1934 dans le but de venir en aide aux victimes, essentiellement juives, des persécutions nazies venant de commencer en Allemagne. Philippe de Weck, un ancien président de l’UBS, a notamment défendu cette thèse dans un livre de référence paru en 1992. Le célèbre hebdomadaire britannique The Economist a fait de même dans un article publié le 17 février 1996. Problème: il s’agit d’une légende. La réalité, on le sait aujourd’hui, est tout autre.
La pratique du secret est en fait profondément ancrée dans l’activité bancaire helvétique depuis la fin du 19ᵉ siècle. Son importance s’est renforcée au tournant du 20ᵉ siècle. A cette période, de nombreux Etats européens accroissent la pression fiscale sur les couches fortunées, qui cherchent un refuge pour échapper à l’imposition. «Les cercles bancaires helvétiques ont rapidement saisi que la hausse de la fiscalité dans une série de pays leur offrait une carte à jouer: attirer en Suisse les capitaux étrangers cherchant à fuir un fisc jugé trop gourmand», note l’historien Sébastien Guex, professeur émérite à l’Université de Lausanne. Une propagande massive vantant les avantages de...
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