Le PS a trouvé son idéologue. Un dur.

Publié le 9 mars 2021
A l’heure où la social-démocratie désemparée cherche sa voie en France, en Italie, en Allemagne, voici qu’émerge un discours débarrassé de tous les doutes. Le co-président du Parti socialiste suisse, Cédric Wermuth, signe, avec le syndicaliste Beat Ringger, un ouvrage au ton décidé. Marxiste en diable, avec ce qu’il faut d’écologisme et de féminisme.

Lorsque les poitiques écrivent, c’est généralement pour se faire bien voir, avec une touche de familiarité, des anecdotes, tout pour plaire. Là, rien de semblable. La révolution du service public est un opuscule austère, nourri d’études et de lectures diverses, à mi-chemin entre un texte universitaire et une harangue révolutionnaire. Pour qui s’intéresse au débat d’idées, cela vaut le détour.
Le fondement est simple. L’Etat fait mieux que le privé, il doit prendre en charge le plus de prestations possibles. Quant aux entreprises, porteuses de tous les maux, elles incarnent l’injustice, l’irresponsabilité sociale. Il convient de leur serrer la brise, de les réguler encore et encore. Tout cela prolongé par un plaidoyer écologique vibrant. Le capitalisme mène au désastre de la civilisation. Le réchauffement climatique aussi.
Mais nuance… Le service public a ses «angles morts». Ses prolongements non étatiques. Les milliers d’associations désintéressées, les coopératives, les fondations. Bravo Migros et Coop, et tant pis si elles paient moins bien leur personnel que Lidl, qui a le tort d’être une SA. Bravo les fondations qui arrosent la culture. Et tant pis si elles servent souvent aux grandes fortunes à payer moins d’impôts. Wermuth et Ringger ne s’embarrassent pas de contradictions.
Mais ils ont une grande idée. Il s’agit de développer et de reconnaître l’utilité du «care». Le mot anglais, sans guillemets, revient des dizaines de fois. Il désigne tout le champ du bénévolat, des soins que les particuliers apportent aux malades et aux personnes fragiles, le travail ménager que l’on devrait considérer dans le calcul du PIB. Bref, l’entraide et la solidarité. Comment ne pas applaudir? Mais y voir aussi la solution à tous les maux?
Le livre consacre plusieurs pages au système ...

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