Publié le 20 novembre 2020

La crise sanitaire impose son rythme à la politique suisse depuis le début de l’année. Le Coronagraben, phénomène curieux, met quant à lui la question du fédéralisme au cœur des débats. – © Hadi

C’est la curiosité qui agite ces derniers jours la Confédération. Les cantons romands enregistrent quatre fois plus de cas de coronavirus et dix fois plus d’hospitalisations que leurs voisins alémaniques. En bons champions européens des contaminations au Covid-19, les «Welsch» sont pointés du doigt. La réalité est à la fois plus complexe et plus surprenante. Résumé des derniers épisodes.

Comme si la crise sanitaire, sociale, économique et psychologique ne suffisait pas, depuis l’annonce de la réintroduction de restrictions dans les cantons francophones, pour tenter d’endiguer la deuxième vague qui submerge les hôpitaux de Suisse occidentale, les tensions entre Romands et Alémaniques s’exacerbent. 

Emblématique de la circonspection avec laquelle on considère, entre autres depuis Bâle, la situation en Suisse francophone, le Basler Zeitung souligne ironiquement que nulle part ailleurs, dans le pays, qu’en Suisse romande, les mesures ne sont plus strictes… et que nulle part ailleurs, l’incidence du virus n’est plus élevée.

Tentatives d’explication

Le Coronagraben est l’objet de toutes les interrogations. «C’est un des mystères de ce virus», admet la responsable de la Section contrôle de l’infection de l’OFSP, Virginie Masserey. Les hypothèses fusent, des spécialistes au café du commerce, et les clichés y vont bon train. Mme Masserey évoque poliment des «facteurs culturels». 

Même question à Claire-Anne Siegrist, directrice du centre de vaccinologie aux HUG, dans le 19h30 de ce lundi 16. Mêmes hypothèses peu convaincantes, de l’aveu même de la spécialiste, qui soulève la différence de densité de population entre les deux régions. Elle dément l’existence d’une «particularité génétique» alémanique. En revanche, la piste culturelle aurait plutôt son assentiment. Les Romands seraient «plus inquiets», et donc plus enclins à consulter un médecin, à se rendre dans un centre de test aux premiers symptômes. Les Alémaniques, eux, auraient «confiance en la nature» et n’aimeraient pas «déranger le docteur». 

Question clichés, nous ne sommes donc pas sortis de...

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