Le big échec du “big brother” londonien

Publié le 17 mars 2020

© Image par Kai Pilger de Pixabay

La technologie de reconnaissance faciale (Live Facial Recognition) a été utilisée pour analyser le flux de personnes qui circulent sur Oxford Circus, une place très fréquentée de Londres. Mais le résultat n’est pas fiable, révèle Le Figaro.

Avec 627’000 caméras installées dans ses rues, Londres est la sixième ville la plus surveillée au monde et la première en Europe. En somme, un terrain prêt à mettre en pratique les bases de la surveillance de masse.

Fin janvier, la police de Londres a annoncé la mise en place de la technologie LFR (Live Facial Recognition) afin de réduire la criminalité, l’exploitation des enfants, les attaques au couteau et aux armes à feu qui sont de plus en plus fréquentes dans la capitale anglaise.

Afin que les agents puissent localiser les criminels, des caméras seraient placées aux endroits où ceux-ci sont le plus susceptibles de se trouver, et chaque voiture de patrouille aurait une liste de surveillance où apparaissent les criminels les plus recherchés.

Le 28 février, la technologie de reconnaissance faciale en direct (LFR) a été utilisée pour analyser le flux de personnes qui se déplacent dans Oxford Circus, un carrefour très fréquenté de Londres. Selon les données officielles, les visages de 8’600 personnes ont été scannés ce jour-là, sans leur accord.

Le système LFR en a identifié 8 qui correspondaient aux portraits des individus signalés par la police. Mais dans 7 cas l’identification n’était pas correcte et une seule personne ayant réellement commis des crimes a été arrêtée grâce à ce procédé. Cela représente un taux d’erreur de près de 90%, loin des 70% de précision promis par la police au début des tests, écrit Le Figaro

En bref, le système s’est avéré peu fiable et l’affaire n’a fait qu’alimenter les critiques des groupes britanniques qui luttent pour la protection de la vie privée.

Actuellement, l’utilisation de cette technologie par la police britannique reste limitée à certains quartiers de Londres. Au niveau européen, une volonté d’attendre la définition d’une réglementation claire s’appliquant à toutes les nations de l’Union européenne s’est fait jour. 

La reconnaissance faciale fait partie des systèmes d’intelligence artificielle à haut risque, «son utilisation est généralement interdite» et n’est autorisée «que dans des cas exceptionnels, dûment justifiés et proportionnés, sous réserve de garanties et sur la base du droit de l’Union ou du droit national». C’est ce qu’écrit la Commission européenne dans sonWhite paper. L’exécutif européen a l’intention de lancer «un large débat sur les circonstances qui pourraient justifier de telles exceptions».

Le White paper sur l’IA sera le point de départ d’une consultation de 12 semaines. Les résultats seront utiles à la Commission pour élaborer une proposition législative prévue pour la fin de cette année. En attendant, on espère que la technologie LFR sera améliorée afin de devenir plus fiable.


Lu dans un article du Figaro à consulter ici

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Politique

La guerre entre esbroufe et tragédie

Une photo est parue cette semaine qui en dit long sur l’orchestration des propagandes. Zelensky et Macron, sourire aux lèvres devant un parterre de militaires, un contrat soi-disant historique en main: une intention d’achat de cent Rafale qui n’engage personne. Alors que le pouvoir ukrainien est secoué par les révélations (...)

Jacques Pilet
Histoire

80 ans de l’ONU: le multilatéralisme à l’épreuve de l’ère algorithmique

L’Organisation des Nations unies affronte un double défi: restaurer la confiance entre Etats et encadrer une intelligence artificielle qui recompose les rapports de pouvoir. Une équation inédite dans l’histoire du multilatéralisme. La gouvernance technologique est aujourd’hui un champ de coopération — ou de fracture — décisif pour l’avenir de l’ordre (...)

Igor Balanovski
Sciences & TechnologiesAccès libre

Les réseaux technologiques autoritaires

Une équipe de chercheurs met en lumière l’émergence d’un réseau technologique autoritaire dominé par des entreprises américaines comme Palantir. À travers une carte interactive, ils dévoilent les liens économiques et politiques qui menacent la souveraineté numérique de l’Europe.

Markus Reuter
Politique

Un nouveau mur divise l’Allemagne, celui de la discorde

Quand ce pays, le plus peuplé d’Europe, est en crise (trois ans de récession), cela concerne tout son voisinage. Lorsque ses dirigeants envisagent d’entrer en guerre, il y a de quoi s’inquiéter. Et voilà qu’en plus, le président allemand parle de la démocratie de telle façon qu’il déchaîne un fiévreux (...)

Jacques Pilet
Politique

Vers la guerre

Alors que Moscou propose un pacte de désescalade – ignoré par l’Europe – les dirigeants occidentaux soufflent sur les braises à coup de propagande militaire pour rallumer la flamme guerrière. Mais à force de jouer avec le feu, on risque de se brûler.

Jacques Pilet
Sciences & Technologies

Compétences indispensables et professions émergentes pour un futur responsable avec l’IA

L’Histoire éclaire le présent et préfigure les futurs possibles. Les conférences de Macy (1946 1953) montrent comment le dialogue entre disciplines comble les angles morts de la connaissance et pose les bases de l’intelligence artificielle. Des enseignements essentiels pour guider l’utilisation responsable de celle-ci dans un monde où tout s’influence (...)

Igor Balanovski
Politique

Les penchants suicidaires de l’Europe

Si l’escalade des sanctions contre la Russie affaiblit moins celle-ci que prévu, elle impacte les Européens. Des dégâts rarement évoqués. Quant à la course aux armements, elle est non seulement improductive – sauf pour les lobbies du secteur – mais elle se fait au détriment des citoyens. Dans d’autres domaines (...)

Jacques Pilet
Sciences & Technologies

Comment naviguer dans un monde en perpétuelle mutation

Dans un océan d’informations, nos choix dépendent moins de ce que nous savons que de notre capacité à relier et organiser nos connaissances. Entre philosophie, psychologie et intelligence artificielle, découvrez comment naviguer dans un monde qui se reconfigure sans cesse afin de tirer parti du chaos et transformer l’incertitude en (...)

Igor Balanovski
Sciences & Technologies

Des risques structurels liés à l’e-ID incompatibles avec des promesses de sécurité

La Confédération propose des conditions d’utilisation de l’application Swiyu liée à l’e-ID qui semblent éloignées des promesses d’«exigences les plus élevées en matière de sécurité, de protection des données et de fiabilité» avancées par l’Administration fédérale.

Solange Ghernaouti
Philosophie

Quand l’IA gagne en puissance, la philosophie gagne en nécessité

A l’heure où les machines imitent nos mots, nos gestes et nos doutes, la frontière entre intelligence artificielle et intelligence humaine se brouille. L’IA, miroir de nos structures mentales, amplifie nos forces autant que nos dérives. Face à cette accélération, la philosophie s’impose: elle éclaire les liens, les contextes, les (...)

Igor Balanovski
Politique

Le déclassement géopolitique de la Suisse est-il irréversible?

Même s’il reste très aléatoire de faire des prévisions, il est légitime de se demander aujourd’hui ce que nos descendants, historiens et citoyens, penseront de nous dans 50 ans. A quoi ressemblera la Suisse dans un demi-siècle? A quoi ressembleront l’Europe, si elle n’a pas été «thermonucléarisée» entre-temps, et le (...)

Georges Martin
Politique

La stratégie de Netanyahu accélère le déclin démocratique d’Israël

Le quotidien israélien «Haaretz» explique comment l’ancien Premier ministre Naftali Bennett met en garde les forces de sécurité et les fonctionnaires contre une possible manipulation du calendrier électoral et la mainmise de Netanyahu sur l’appareil sécuritaire.

Patrick Morier-Genoud
Sciences & TechnologiesAccès libre

Superintelligence américaine contre intelligence pratique chinoise

Alors que les États-Unis investissent des centaines de milliards dans une hypothétique superintelligence, la Chine avance pas à pas avec des applications concrètes et bon marché. Deux stratégies opposées qui pourraient décider de la domination mondiale dans l’intelligence artificielle.

Politique

Netanyahu veut faire d’Israël une «super Sparte»

Nos confrères du quotidien israélien «Haaretz» relatent un discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui évoque «l’isolement croissant» d’Israël et son besoin d’autosuffisance, notamment en matière d’armement. Dans un éditorial, le même quotidien analyse ce projet jugé dangereux et autodestructeur.

Simon Murat
Politique

Censure et propagande occidentales: apprendre à les débusquer

Les affaires encore fraîches des drones russes abattus en Pologne et du bombardement israélien au Qatar offrent de belles illustrations du fonctionnement de la machine de guerre informationnelle dans nos pays démocratiques. Il existe en effet une matrice de la propagande, avec des scénarios bien rôdés, qu’on peut voir à (...)

Guy Mettan
Sciences & Technologies

Les délires d’Apertus

Cocorico! On aimerait se joindre aux clameurs admiratives qui ont accueilli le système d’intelligence artificielle des hautes écoles fédérales, à la barbe des géants américains et chinois. Mais voilà, ce site ouvert au public il y a peu est catastrophique. Chacun peut le tester. Vous vous amuserez beaucoup. Ou alors (...)

Jacques Pilet