La Voix de l’amour et de la mort

Malya Roman dans «La Voix humaine». – ©Cie Gianni Schneider/Wolf Mike
La singularité et la grande force de La Voix humaine, dont il existe aussi une version lyrique due à Poulenc, c’est de nous donner à entendre seulement les répliques du «personnage unique», comme l’appelle Cocteau. Et donc de laisser au spectateur le soin d’imaginer celles de l’autre. D’emblée, on est au cœur du drame. Un drame éternel, la rupture entre deux êtres, la fin d’un couple qui achève de se déliter. Or, très vite, nous en devenons nous-mêmes les protagonistes. Soit que l’on soit une femme, qui sait combien les hommes sont lâches et faibles dans leur lâcheté même, soit que l’on soit un homme et on n’en mène pas large en devinant les pauvres ruses de l’amant, qui pourraient être les nôtres.
Durant la conversation, souvent entrecoupée, car la liaison est mauvaise avec des interférences, une autre femme est sur la ligne. Elle entend tout et finit par intervenir en disant manifestement quelque chose de très déplaisant pour l’homme, qui se cabre. Alors l’amante vient à son secours:
«Tu es frappé!… Je… mais mon chéri, cette femme doit être très mal et elle ne te connaît pas. Elle croit que tu es comme les autres hommes…»
Dans ces quelques mots, tout est dit. On est au cœur de la pièce. Car bien sûr tous deux mentent et se mentent à eux-mêmes, tout en sachant que l’autre sait qu’il/elle ment.
Magnifique Malya Roman
Dans ses recommandations concernant le jeu de la comédienne,...
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