Publié le 9 août 2024
La tristesse n’est étrangère à personne. Mais qu'est-elle vraiment, cette tristesse qui s’empare de nous dans les moments difficiles? Sous quelles formes se décline-t-elle? Et puis, comment la vivre? surtout, comment y remédier? Vaste sujet pour lequel nous avons appelé à l’aide le philosophe médiéval Thomas d’Aquin, qui avait profusément médité cette question.

Si toutes les personnes tristes ont quelque chose en commun, leur façon d’être triste n’est pourtant pas la même. Chacun vit sa tristesse à sa manière: certains dans de franches larmes, d’autres cachée derrière un faux sourire. Quand on parle d’émotions, il faut savoir laisser les théories de côté pour se mettre à l’écoute de son expérience personnelle. Et moi, comment vis-je ma tristesse? Pour poser ce regard sur soi, quelques notions peuvent être utiles. 
Les différentes tristesses
Thomas d’Aquin distingue différents types à partir de plusieurs questions. La tristesse est-elle toujours subie, ou parfois choisie? Comment pourrait-on être volontairement triste? L’objet de notre tristesse est-il forcément réel? Cet objet doit-il être connu? Puis-je être triste sans savoir pourquoi? Certaines de ces questions paraissent bien banales, d’autres interpellent davantage. Toutes mériteraient toutefois d’être approfondies à l’aune des souvenirs de nos propres tristesses.
On se rend bien compte ici que la tristesse n’est pas unique. Thomas considère même que certaines tristesses sont saines et profondément bonnes, en plus d’être légitimes; d’autres sont malsaines, quasiment vicieuses. Toutes restent néanmoins de l’ordre des émotions, autrement dit des passions. Par ce terme, nous entendons «pâtir», à savoir subir. Avec la tristesse, je subis une réaction de l’âme quand quelque chose me fait mal. Si je voulais la définir, je pourrais dire simplement qu’elle est «douleur de l’âme».
Oui, les passions que je vis me tombent dessus, une joie soudaine ou un coup de colère. Je ne les choisis pas. Ce qu’il m’est parfois possible de choisir en revanche, ce sont les situations dans lesquelles je me mets et qui ensuite me rendent triste. Ce que je peux choisir dans tous les cas, c’est ce que...

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