La République démocratique du Congo au bord de l’effondrement

Publié le 21 février 2025
La nouvelle n’a pas fait grand bruit. Elle est pourtant le signal d’une évolution qui pourrait redessiner la carte géopolitique de l’Afrique. Après la prise de Goma au Sud-Kivu, la capitale provinciale du Nord-Kivu, Bukavu, vient de tomber aux mains de la milice du M-23, soutenue par le Rwanda. Le régime en place à Kinshasa, fort critiqué par la population, pourrait s’effondrer.

L’armée de la République démocratique du Congo (RDC), affaiblie, démoralisée, dépourvue des moyens nécessaires, ne paraît plus en mesure de défendre ses territoires. La situation humanitaire dans la région est effroyable. La prise de Goma, au Sud-Kivu, en janvier, a fait 2900 morts selon les Nations Unies et provoqué le départ forcé d’au moins 500 000 personnes, notamment vers le Burundi. Celle de Bukavu a été moins violente, la ville étant tombée sans combat, mais elle (un million d’habitants) a connu des pillages, ainsi que les villages environnants. Les patrouilles du M-23 circulent dans des véhicules militaires sans plaque, leurs hommes en uniforme ne portent aucun signe. Mais il a été signalé que des soldats rwandais opèrent sur le terrain. Ce que dément le gouvernement de Kigali. Son appui en armes et en fonds à la milice est pourtant indéniable. Non moins évident, l’intérêt du Rwanda qui, depuis plusieurs années, fait main basse sur les ressources minières abondantes de son voisin congolais. L’or, les diamants, la cassitérite et surtout le coltan, utilisé dans les industries électroniques pour la fabrication de condensateurs. 
Des réactions internationales mesurées
Les réactions occidentales devant cette invasion totalement illégale et meurtrière restent mesurées. Le Rwanda, pays de plus en plus développé et performant, a la côte en Europe et aux Etats-Unis. Cependant, le Parlement européen vient, à la quasi-unanimité, de demander à la Commission de suspendre les accords privilégiés de l’UE avec Kigali. Notamment un «mémorandum d’entente» signé en février 2024 qui visait à développer des chaînes de valeur durables pour des matières premières. Ainsi qu’un gel de l’aide budgétaire directe au Rwanda et la fin de toute assistance militaire et sécuritaire aux forces a...

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