La proportionnelle est-elle un tue-l’amour?

Publié le 17 octobre 2019
Introduit en 1919, le vote au système proportionnel assure à toutes les forces vives de la politique suisse de se faire entendre sous la Coupole fédérale. Du coup, en période électorale, les partis calculent comment obtenir un maximum de sièges plus qu’ils ne séduisent par leurs idées. Sur le long terme, cela explique la platitude des débats pendant la campagne. Une chronique historique un brin critique.

Mettez le champagne au frais pour ce 20 octobre, dimanche d’élections fédérales. Il y a un anniversaire à fêter. Cela fait un siècle que les Suisses élisent leurs conseillers nationaux au système proportionnel.
La proportionnelle est ce système merveilleux qui répartit mathématiquement le nombre de sièges à disposition en fonction du poids des partis. Il n’y a pas de prime au gagnant arrivé en tête. Cela a l’air tout bête, une évidence démocratique, mais ce n’est de loin pas le cas partout. En Grande-Bretagne, mère de toutes les démocraties parlementaires, c’est toujours la majoritaire qui prévaut. Les Italiens ne cessent de revoir leur loi électorale, et mixent actuellement majoritaire et proportionnelle sans avoir vraiment résolu leur problème de gouvernabilité. Le régime présidentiel français ne saurait, lui, se passer des avantages du système majoritaire.
Un coup d’œil sur les autres pays, et les aléas de leur vie politique soumise aux vents violents de l’alternance, devrait nous en convaincre, la formidable stabilité de la Confédération helvétique vient de là, de cette proportionnelle qui régit notre représentation nationale depuis un siècle: tout mouvement un tant soit peu constitué et présent dans l’un ou l’autre des grands cantons qui envoient plus de dix députés à Berne (ZH, BE, VD, AG, SG et GE) peut se faire entendre sous la Coupole fédérale. La proportionnelle est un formidable outil d’intégration institutionnelle, qui canalise les poussées de fièvre.
Fin de règne pour les radicaux
Auparavant, avant 1919 régnait le parti radical, fondateur de la Suisse moderne en 1848.  Dans la première assemblée du nouvel état fédéral, les radicaux détiennent 79 des 111 sièges du Conseil national, et 30 des 44 sièges du Conseil des Etats. Lors des élections de 1917, ils déc...

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