La Moldavie, merveilleux pays

Publié le 18 juillet 2019

La Moldavie n’est pas un État sorti d’un album de Tintin. Au contraire de la Bordurie et de la Syldavie (dans Le Sceptre d’Ottokar), elle est un État souverain depuis son indépendance de l’URSS en 1991, peuplé de 3 millions d’habitants, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, tenant du titre, disputé, de pays le plus corrompu du continent européen. Le romancier Iulian Ciocan en dresse un portrait loufoque, quoique réaliste, dans L’Empire de Nistor Polobok, son deuxième roman traduit en français. Son sous-titre, Portrait fêlé d’une Moldavie corrompue, révèle presque trop de détails sur le fond de l’intrigue.

Alors qu’il rentre chez lui après une soirée à toucher des pots de vin et les cuisses de charmantes jeunes femmes, le fonctionnaire pourri Nistor Polobok trébuche dans une fissure sur l’asphalte. Le lendemain, la fissure s’est changée en crevasse qu’aucune tentative de remblaiement ne parvient à combler. Le maire de Chișinău, la capitale, aux mains également sales, est impuissant. D’ailleurs, relève l’auteur, «ce qui l’avait propulsé dans son fauteuil de maire, c’était sa belliqueuse rhétorique pro européenne, un banal foutage de gueule des électeurs.» Ainsi est abordée la singulière situation de la Moldavie qui, «le cul entre deux chaises», est divisée entre le courant pro européen, bien qu’aucune procédure d’adhésion à l’UE ne soit même envisagée, les unicistes, partisans d’une fusion avec la Roumanie voisine, et les pro Russes, essentiellement de la région sécessionniste de Transnistrie. Un État de «l’interminable transition».

Pour Polobok, la crevasse, qui ne cesse de s’étendre,...

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