Enfants bourrés de médicaments

Carol Gachet, psychologue spécialisée en psychotraumatisme, qui s’occupe depuis des années d’enfants, d’adolescents ou d’adultes maltraités pendant l’enfance, a lancé plusieurs fois l’alarme mais les autorités médicales temporisent. Le docteur Christophe Grandjean, pédopsychiatre partiellement à la retraite, encore actif dans la Broye, connaît bien la situation des jeunes en foyer et reconnaît que la médication est le recours d’une profession démunie face à la recrudescence des pathologies chez l’enfant. Entre autres témoignages, celui de l’addictologue Jacques Besson: «Ce que je vois, c’est que ces adolescents qui ont été mal médiqués, hypermédiqués, surmédiqués, vont avoir une espèce d’appétence pour le médicament et ils sont à risque de retourner à ce type de produit. D’autre part, si on ne pose pas les diagnostics comme il faut, ces jeunes sont en quête d’automédication. A ce moment-là, ils vont chercher des drogues, ou de l’alcool afin de se soigner eux-mêmes avec les produits disponibles sur les scènes ouvertes de la rue.»
Constat d’une directrice d’établissement: «On observe sur le terrain que parfois il y a des médications qui fonctionnent bien, qui apaisent les enfants, qui permettent de passer une période de crise. Des fois des situations où la médication n’a aucun effet, voire est contre-indiquée, conclut le directeur. C’est l’usage du médicament qui va montrer son effet. On n’a pas de certitudes. On fait des tests.»
Circonstance aggravante: le manque de personnel dans les foyers d’accueil. Surchargé, modestement rétribué, le métier manque d’attrait. Les directeurs ne cachent pas leurs difficultés.
Ces pratiques troublantes ne font l’objet d’aucun débat public. Il importe donc d’y regarder de plus près avec ce travail journalistique.
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