Eloge de la littérature par le pape

Publié le 6 septembre 2024
Au cœur de l’été, le 17 juillet dernier, le pape François a publié une lettre sur l’importance de la littérature. Un vrai trésor! Livrant son regard sur cet art, il oriente son texte sur l’absolue nécessité de la littérature dans la formation aux métiers pastoraux, et plus largement au métier d’être humain qu’exerce tout un chacun.

Cette lettre est passée quasiment inaperçue. Les pages des journaux de cet été étaient plutôt consacrées aux exploits sportifs des Jeux olympiques ou aux guerres qui n’en finissent pas de s'enliser. Il faut pourtant bien parler de cette lettre tant elle a créé la surprise et tant elle est, d’une certaine façon, révolutionnaire. Jamais, en effet, un pape n’avait rédigé un tel éloge de la littérature et de la poésie.
François prend le contre-pied du Saint-Siège d’autrefois qui censurait par son Index librorum prohibitorum des œuvres de littérature à tour de bras, prohibant la lecture d’un certain Stendhal, d’un Balzac ou d’un Zola, et j’en passe. Au-delà de l’encouragement à lire et de l’appel aux prêtres à entrer en communion avec les poètes, le pape compose, à mon sens, les plus belles pages qu’on ait pu lire depuis longtemps sur ce qu’est la littérature et qui est le lecteur. Je lance donc un appel solennel à toutes les facultés de Lettres pour faire lire ce texte à leurs étudiants, ainsi qu’à tous ceux qui n’ont pas eu besoin de passer par l’université pour aimer les lettres. Un texte dont on ne sort pas indemne si l’on aime un tant soit peu la littérature, assurément! Il réveille en tout lecteur un élan d’espérance, pour affronter sa vie en se cultivant et en lisant.
Ce qu'est la littérature
La littérature peut être un divertissement, certes. Le pape est plutôt critique face à ce point de vue. D’autant plus qu’elle est souvent réduite à cela par des hommes d’Eglise, qui au mieux y voient un passe-temps plus édifiant que les écrans, au pire une distraction néfaste qui éloigne les fidèles du réel. Au contraire, la lettre insiste sur le lien entre littérature et réel. Toute fictive qu’elle puisse être, la littérature plonge le lecteur au cœur du réel, au cœur de l’homme...

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