Dans la tête de Guy Parmelin

Publié le 23 avril 2021

Guy Parmelin est en route pour Bruxelles où il doit rencontrer Ursula von der Leyen. Une question le taraude: faudra-t-il porter un masque? – © European Parliament, State of the Union, 2020.

Le valeureux conseiller fédéral vaudois rencontre donc, ce vendredi 23 avril, la présidente de la commission de l’Union européenne, Ursula von der Leyen. Imaginons ce qui a pu tourner dans sa tête en route vers Bruxelles.

«C’est assez drôle que ce soit à moi, élu UDC, d’aller limiter la casse à Bruxelles. Mais j’assume. Les journaux diront, j’espère: en homme d’Etat. Que les pontes zurichois du parti ne viennent pas me le reprocher. Je le leur rappelle assez souvent, je suis de l’aile agrarienne. Un paysan, il a les pieds sur terre. Et du bon sens. Cette présidente? Je trouverai le contact avec elle. Je me souviens des deux fois où nous nous sommes rencontrés, lorsque nous étions responsables de la défense, elle en Allemagne, moi en Suisse. Le courant avait bien passé. Heureusement qu’elle parle le français. J’espère que nous ne devrons pas porter de masques. Je suis assez content de ma formule: je ne jouerai pas les Boris Johnson. Elle a été bien reprise par les médias. Cela n’arrive pas chaque fois que j’ouvre la bouche! Donc, pas question de rupture. Cela ne me ressemble pas. Nous voulons rester dans les meilleurs termes, donnons-nous encore un délai, réfléchissons à la meilleure solution possible… Et patati et patata. J’ai le discours en tête. Les collègues sont d’accord. Surtout ne pas me laisser embarquer dans une discussion sur les points litigieux. Cela dit, c’est assez dingue que l’on risque ainsi d’aller dans le mur… Cassis nous a promenés. D’accord, je suivais le dossier de loin. On a passé tellement de temps à discuter de cette histoire de Covid. C’était lui, le responsable après tout. Il ne nous disait pas que les discussions tournaient mal, ou à vide. On lui faisait confiance. C’est comme ça entre nous. A chacun son département. Et à la fin, parfois, ça coince pour les autres. La négociatrice qu’il a nommée ne faisait pas le poids. Avant elle, Balzaretti, c’était un solide. Je n’étais pas d’accord avec lui mais il faisait le poids. Je vois bien qui a tiré les ficelles pour nous faire patauger. Ce maître de Livia Leu, très écouté de Cassis, cet ancien secrétaire d’Etat aux grands airs, Michael Ambühl, qui aligne les pommes sur un bâton et présente ça comme la solution. Ce n’est pas pour rien que nous avons remballé Cassis à six contre un quand il s’est mis à tourniquer autour d’un plan B fumeux. On a bien fait. Qu’est-ce que je dois dire au retour à tous ces patrons d’entreprises qui me font tant de messages ces jours? Que tout est râpé? Non! C’est tellement évident qu’ils ont besoin de solides relations bilatérales. Et les dirigeants des hautes écoles? Je ne dois pas oublier que je suis aussi en charge de leurs affaires, bien que j’y pense moins. Il faut dire qu’ils se manifestent peu. Guy, je me dis, ne perds pas le nord. On s’en est bien tiré jusqu’ici. On a profité un max de l’ouverture des marchés, sans bureaucratie, sans tralala, et on a su éviter ce qui ne nous plaît pas. Nous paysans, on le sait bien, la Suisse peut encore contingenter et taxer les importations agricoles. Et les industriels peuvent exporter sans problème partout en Europe, leurs produits sont reconnus, et tout et tout. Le beurre et l’argent du beurre, disent-ils. Et pourquoi pas? On a toujours fait ça. Mais pour continuer, il faut éviter les bêtises. Ce qui me préoccupe pour ce soir, c’est la «com». Que vais-je dire à la sortie du rendez-vous? Les journalistes se moqueront de moi quand je tournerai autour du pot. Mais au fond, sur ce dossier, c’est bien ce que l’on me demande, tourner autour du pot. En essayant de ne pas tomber dedans!»

(Propos imaginaires mais pas invraisemblables)

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Politique

Bonnes vacances à Malmö!

Les choix stratégiques des Chemins de fer fédéraux interrogent, entre une coûteuse liaison Zurich–Malmö, un désintérêt persistant pour la Suisse romande et des liaisons avec la France au point mort. Sans parler de la commande de nouvelles rames à l’étranger plutôt qu’en Suisse!

Jacques Pilet
SantéAccès libre

PFAS: la Confédération coupe dans la recherche au moment le plus critique

Malgré des premiers résultats alarmants sur l’exposition de la population aux substances chimiques éternelles, le Conseil fédéral a interrompu en secret les travaux préparatoires d’une étude nationale sur la santé. Une décision dictée par les économies budgétaires — au risque de laisser la Suisse dans l’angle mort scientifique.

Pascal Sigg
Histoire

80 ans de l’ONU: le multilatéralisme à l’épreuve de l’ère algorithmique

L’Organisation des Nations unies affronte un double défi: restaurer la confiance entre Etats et encadrer une intelligence artificielle qui recompose les rapports de pouvoir. Une équation inédite dans l’histoire du multilatéralisme. La gouvernance technologique est aujourd’hui un champ de coopération — ou de fracture — décisif pour l’avenir de l’ordre (...)

Igor Balanovski
Sciences & TechnologiesAccès libre

Les réseaux technologiques autoritaires

Une équipe de chercheurs met en lumière l’émergence d’un réseau technologique autoritaire dominé par des entreprises américaines comme Palantir. À travers une carte interactive, ils dévoilent les liens économiques et politiques qui menacent la souveraineté numérique de l’Europe.

Markus Reuter
Politique

Un nouveau mur divise l’Allemagne, celui de la discorde

Quand ce pays, le plus peuplé d’Europe, est en crise (trois ans de récession), cela concerne tout son voisinage. Lorsque ses dirigeants envisagent d’entrer en guerre, il y a de quoi s’inquiéter. Et voilà qu’en plus, le président allemand parle de la démocratie de telle façon qu’il déchaîne un fiévreux (...)

Jacques Pilet
Politique

Et si l’on renversait la carte du monde!

Nos cartes traditionnelles, avec le nord en haut et le sud en bas, offrent un point de vue arbitraire et distordu qui a façonné notre vision du monde: l’Afrique, par exemple, est en réalité bien plus grande qu’on ne le perçoit. Repenser la carte du globe, c’est interroger notre perception (...)

Guy Mettan
Politique

En Afrique, à quoi servent (encore) les élections?

Des scrutins sans surprise, des Constitutions taillées sur mesure, des opposants muselés: la démocratie africaine tourne à la farce, soutenue ou tolérée par des alliés occidentaux soucieux de préserver leurs intérêts. Au grand dam des populations, notamment des jeunes.

Catherine Morand
Economie

Où mène la concentration folle de la richesse?

On peut être atterré ou amusé par les débats enflammés du Parlement français autour du budget. Il tarde à empoigner le chapitre des économies si nécessaires mais multiplie les taxes de toutes sortes. Faire payer les riches! Le choc des idéologies. Et si l’on considérait froidement, avec recul, les effets (...)

Jacques Pilet
Politique

La neutralité fantôme de la Suisse

En 1996, la Suisse signait avec l’OTAN le Partenariat pour la paix, en infraction à sa Constitution: ni le Parlement ni le peuple ne furent consultés! Ce document, mensongèrement présenté comme une simple «offre politique», impose à notre pays des obligations militaires et diplomatiques le contraignant à aligner sa politique (...)

Arnaud Dotézac
Politique

Les penchants suicidaires de l’Europe

Si l’escalade des sanctions contre la Russie affaiblit moins celle-ci que prévu, elle impacte les Européens. Des dégâts rarement évoqués. Quant à la course aux armements, elle est non seulement improductive – sauf pour les lobbies du secteur – mais elle se fait au détriment des citoyens. Dans d’autres domaines (...)

Jacques Pilet
Politique

Honte aux haineux

Sept enfants de Gaza grièvement blessés sont soignés en Suisse. Mais leur arrivée a déclenché une tempête politique: plusieurs cantons alémaniques ont refusé de les accueillir, cédant à la peur et à des préjugés indignes d’un pays qui se veut humanitaire.

Jacques Pilet
Economie

Le secret bancaire, un mythe helvétique

Le secret bancaire a longtemps été l’un des piliers de l’économie suisse, au point de devenir partie intégrante de l’identité du pays. Histoire de cette institution helvétique, qui vaut son pesant d’or.

Martin Bernard
Sciences & Technologies

La neutralité suisse à l’épreuve du numérique

Face à la domination technologique des grandes puissances et à la militarisation de l’intelligence artificielle, la neutralité des Etats ne repose plus sur la simple abstention militaire : dépendants numériquement, ils perdent de fait leur souveraineté. Pour la Suisse, rester neutre impliquerait dès lors une véritable indépendance numérique.

Hicheme Lehmici
Sciences & Technologies

Des risques structurels liés à l’e-ID incompatibles avec des promesses de sécurité

La Confédération propose des conditions d’utilisation de l’application Swiyu liée à l’e-ID qui semblent éloignées des promesses d’«exigences les plus élevées en matière de sécurité, de protection des données et de fiabilité» avancées par l’Administration fédérale.

Solange Ghernaouti
Politique

Les poisons qui minent la démocratie

L’actuel chaos politique français donne un triste aperçu des maux qui menacent la démocratie: querelles partisanes, déconnexion avec les citoyens, manque de réflexion et de courage, stratégies de diversion, tensions… Il est prévisible que le trouble débouchera, tôt ou tard, sous une forme ou une autre, vers des pouvoirs autoritaires.

Jacques Pilet
Sciences & Technologies

Identité numérique: souveraineté promise, réalité compromise?

Le 28 septembre 2025, la Suisse a donné – de justesse – son feu vert à la nouvelle identité numérique étatique baptisée «swiyu». Présentée par le Conseil fédéral comme garantissant la souveraineté des données, cette e-ID suscite pourtant de vives inquiétudes et laisse planner la crainte de copinages et pots (...)

Lena Rey