Daniel Spoerri, une vie toute entière vouée à l’art

Publié le 12 décembre 2018

Un des tableaux pièges de Daniel Spoerri. – DR

Les Editions Buchet-Chastel publie un livre d'entretiens avec Daniel Spoerri, un des prodiges de l'art contemporain, né en 1930 en Roumanie et, notamment, inventeur du tableau-piège, mais aussi créateur du «Eat Art», de galeries, de jardins, de restaurants et de musées.

Cet ouvrage, aux proportions modestes, nous donne à lire un très long entretien qui foisonne d’anecdotes toutes plus passionnantes les unes que les autres. Il se parcourt avec plaisir et même par instants avec jubilation. Il contient de nombreuses informations sur l’artiste, sur ses nombreux camarades de jeu et sur l’époque tout entière, ce qui, malheureusement, est loin d’être courant dans le vaste domaine des livres consacrés à l’art.

Jeunesse helvétique – danse et théâtre

Daniel Spoerri, né en 1930, à Galatji, en Roumanie, est l’aîné d’une fratrie de six enfants. Leur père, Isaac Feinstein, un libraire juif roumain converti au protestantisme, est assassiné lors d’un pogrom en 1941. Leur mère, Lydia Spoerri, une évangéliste baptiste suisse réussit à les faire émigrer tous en Suisse, où les enfants sont placés auprès de différents membres de la famille. Daniel l’est, à Zurich, chez son oncle maternel, le professeur Theophil Spoerri, protestant militant, très croyant, et prof de littérature, qui s’intéresse très modérément à ce garçon inculte qui ne parle bien ni le français ni l’allemand.

Ayant grandi dans ce milieu mortifère et puritain, l’adolescent Spoerri a été à deux doigts de devenir un voyou. Son oncle, devenu recteur de l’université de Zurich, ne lui donne pas un sou. Pour survivre, Daniel danse dans des boîtes de nuit où un maître de ballet, Max Terpis, le remarque. Cet homme va l’aider à entrer dans l’école de danse de l’opéra de Zurich où il a obtient une bourse...

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