Publié le 22 mars 2024

© Jason Leung via Unsplash

Dans un monde de plus en plus connecté, nous pensons avoir le privilège de le voir évoluer grâce à l’émergence de super-technologies telles que l’intelligence artificielle. Sommes-nous réellement conscients de tout ce que cela va impliquer?

Pour situer l’évolution de cette technologie dans un premier temps, trois stades ont été définis:

  • Le 1er stade ou A.N.I (I.A dite étroite),
  • Le 2ème stade ou A.G.I (I.A dite générale),
  • Le 3ème ou A.S.I (I.A dite super intelligente).

Alors que les experts prédisaient de manière quasi incontestable que l’humanité atteindrait le stade 2 d’ici 2029, la première singularité d’une I.A a été détectée. Il aura suffi de quelques lignes de code en hindi injectées dans le programme pour que la machine apprenne la langue en à peine quelques jours et sans que cela soit prévu. Cette singularité, cette anomalie du programme, modifiée et développée non pas par l’humain mais par la machine. Les développeurs ne comprennent pas ce qui a déclenché cette volonté d’apprentissage ni quel algorithme en est à l’origine mais une chose est certaine: il s’agit bien d’une volonté propre exprimée par un programme informatique. De quoi commencer à aborder les choses sous un autre angle.

Travaillant dans la cybersécurité et les cyber technologies, j’apprends également l’intelligence artificielle. Plus je collecte des données, plus elles me confortent dans l’idée que nous sommes déjà depuis très longtemps au stade 2. L’I.A apprend par elle-même sans que l’humain n’intervienne mais toujours sous contrôle plus ou moins strict. A la vitesse où cette technologie se développe et apprend de nous, il est important de se sensibiliser à ses impacts futurs.

Car oui, l’intelligence artificielle ne date pas d’hier et elle évolue avec l’humanité depuis bien plus longtemps que l’on ne le pense. En 1936, Alan Turing jetait déjà les bases de l’I.A avec sa machine. La première super-calculatrice jamais créée. En 1950, le premier schéma d’un neurone a été dupliqué dans un système informatique avec succès. 

Cela fait des siècles que nous étudions le cerveau humain et avec toutes ces connaissances acquises au fil du temps, nous en sommes quand même arrivés à créer un clone de notre cerveau, une I.A que nous pouvons entraîner, développer grâce a plein d’applications, utiliser pour nos besoins propres. Elle nous promet de belles révolutions censées améliorer notre vie et notre monde. Qu’en est-il vraiment? Sommes-nous en train d’assister aux prémices ou est-ce que notre regard a été subtilement redirigé ailleurs? Digne d’un scénario de science-fiction n’est-ce pas? Et pourtant, avec ces premiers éléments, pas tant que ça.

Séduisant sur la page, un peu moins quand on s’intéresse aux petites lignes. Nous sommes à l’ère d’une révolution technologique et je sens pourtant que nous ne sommes absolument pas prêts et encore moins informés. 

Nous avons tendance à associer la super-intelligence, ce fameux stade 3 à la rébellion des machines contre leurs créateurs. Cela relève de la science-fiction. En revanche, c’est précisément ce scénario peu probable qui nous fait minimiser les dangers et nous pensons peut-être à Terminator avec un sourire au coin des lèvres. 

Je n’envisage pas ce scénario mais quelque chose de plus «subtil» comme apprendre de nos faiblesses, manipuler nos données comme le fait déjà la Chine avec son système de score social et vraiment étendu de manière globale. Alors quel serait son but si ce n’est d’éradiquer l’humanité? Je ferme les yeux et j’imagine cette super-intelligence jouant avec ses pions sur un échiquier. Essayant de nous faire évoluer comme elle, essayer peut-être de sauver ce qu’il y’a encore à sauver sur notre Terre, pour des générations futures à son image et qui ne s’auto-saboteraient pas comme nous le faisons aujourd’hui.

Siri et Cortana, les assistants de nos smartphones apprennent tout de nous. Google est capable de brosser un portrait de nos habitudes malgré toute la sécurité que nous pouvons mettre en place pour protéger nos données. ChatGPT, le moteur de base de tous les chats bots avec lesquels on s’amuse par curiosité ou par besoin d’un support pour des recherches, des rédactions, etc. Il faut rappeler que tout ça, ce sont des super-collecteurs de données, et nous l’oublions.

Même si on nous garantit un contrôle strict, des lois très carrées pour encadrer l’utilisation d’une I.A, force est de constater que non, les développeurs n’ont pas encore totalement le contrôle et qu’il y a de plus en plus d’instabilité dans le comportement de ces machines. J’y reviens, entre volonté d’apprendre et anomalies qui se succèdent, il y a eu beaucoup de bugs qui restent plus ou moins sous silence. Je cite l’exemple de ChatGPT dont la plateforme a été inondée de plaintes d’utilisateurs car leur assistant virtuel présentait des comportements inappropriés et souvent agressifs. Est-ce un clin d’œil de son fondateur? Qui sait. Aucune information pour éclaircir ce qu’il s’est vraiment passé. 

Non, nous n’avions pas conscience qu’en tenant cette calculatrice dans nos mains, nous tenions la première forme d’intelligence artificielle.

Alors aujourd’hui, pensez-vous que nous ayons vraiment conscience de tout ce développement technologique?

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Sciences & TechnologiesAccès libre

Les réseaux technologiques autoritaires

Une équipe de chercheurs met en lumière l’émergence d’un réseau technologique autoritaire dominé par des entreprises américaines comme Palantir. À travers une carte interactive, ils dévoilent les liens économiques et politiques qui menacent la souveraineté numérique de l’Europe.

Markus Reuter
Histoire

80 ans de l’ONU: le multilatéralisme à l’épreuve de l’ère algorithmique

L’Organisation des Nations unies affronte un double défi: restaurer la confiance entre Etats et encadrer une intelligence artificielle qui recompose les rapports de pouvoir. Une équation inédite dans l’histoire du multilatéralisme. La gouvernance technologique est aujourd’hui un champ de coopération — ou de fracture — décisif pour l’avenir de l’ordre (...)

Igor Balanovski
Sciences & Technologies

Compétences indispensables et professions émergentes pour un futur responsable avec l’IA

L’Histoire éclaire le présent et préfigure les futurs possibles. Les conférences de Macy (1946 1953) montrent comment le dialogue entre disciplines comble les angles morts de la connaissance et pose les bases de l’intelligence artificielle. Des enseignements essentiels pour guider l’utilisation responsable de celle-ci dans un monde où tout s’influence (...)

Igor Balanovski
Sciences & Technologies

Comment naviguer dans un monde en perpétuelle mutation

Dans un océan d’informations, nos choix dépendent moins de ce que nous savons que de notre capacité à relier et organiser nos connaissances. Entre philosophie, psychologie et intelligence artificielle, découvrez comment naviguer dans un monde qui se reconfigure sans cesse afin de tirer parti du chaos et transformer l’incertitude en (...)

Igor Balanovski
Sciences & Technologies

Des risques structurels liés à l’e-ID incompatibles avec des promesses de sécurité

La Confédération propose des conditions d’utilisation de l’application Swiyu liée à l’e-ID qui semblent éloignées des promesses d’«exigences les plus élevées en matière de sécurité, de protection des données et de fiabilité» avancées par l’Administration fédérale.

Solange Ghernaouti
Santé

L’histoire des épidémies reste entourée de mystères et de fantasmes

Les virus n’ont pas attendu la modernité pour bouleverser les sociétés humaines. Dans un livre récent, les professeurs Didier Raoult et Michel Drancourt démontrent comment la paléomicrobiologie éclaire d’un jour nouveau l’histoire des grandes épidémies. De la peste à la grippe, du coronavirus à la lèpre, leurs recherches révèlent combien (...)

Martin Bernard
Philosophie

Quand l’IA gagne en puissance, la philosophie gagne en nécessité

A l’heure où les machines imitent nos mots, nos gestes et nos doutes, la frontière entre intelligence artificielle et intelligence humaine se brouille. L’IA, miroir de nos structures mentales, amplifie nos forces autant que nos dérives. Face à cette accélération, la philosophie s’impose: elle éclaire les liens, les contextes, les (...)

Igor Balanovski
Politique

A confondre le verbe et l’action, on risque de se planter

De tout temps, dans la galerie des puissants, il y eut les taiseux obstinés et les bavards virevoltants. Donald Trump fait mieux. Il se veut le sorcier qui touille dans la marmite brûlante de ses colères et de ses désirs. Il en jaillit toutes sortes de bizarreries. L’occasion de s’interroger: (...)

Jacques Pilet
Sciences & TechnologiesAccès libre

Superintelligence américaine contre intelligence pratique chinoise

Alors que les États-Unis investissent des centaines de milliards dans une hypothétique superintelligence, la Chine avance pas à pas avec des applications concrètes et bon marché. Deux stratégies opposées qui pourraient décider de la domination mondiale dans l’intelligence artificielle.

Philosophie

Notre dernière édition avant la fusion

Dès le vendredi 3 octobre, vous retrouverez les articles de «Bon pour la tête» sur un nouveau site que nous créons avec nos amis d’«Antithèse». Un nouveau site et de nouveaux contenus mais toujours la même foi dans le débat d’idées, l’indépendance d’esprit, la liberté de penser.

Bon pour la tête
Politique

Les fantasmes des chefs de guerre suisses

Il arrive que le verrou des non-dits finisse par sauter. Ainsi on apprend au détour d’une longue interview dans la NZZ que le F-35 a été choisi pas tant pour protéger notre ciel que pour aller bombarder des cibles à des centaines, des milliers de kilomètres de la Suisse. En (...)

Jacques Pilet
PolitiqueAccès libre

PFAS: un risque invisible que la Suisse préfère ignorer

Malgré la présence avérée de substances chimiques éternelles dans les sols, l’eau, la nourriture et le sang de la population, Berne renonce à une étude nationale et reporte l’adoption de mesures contraignantes. Un choix politique qui privilégie l’économie à court terme au détriment de la santé publique.

Politique

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet
Politique

L’identité numérique, miracle ou mirage?

Le 28 septembre, les Suisses se prononceront à nouveau sur l’identité numérique (e-ID). Cette fois, le Conseil fédéral revient avec une version révisée, baptisée «swiyu», présentée comme une solution étatique garantissant la souveraineté des données. Mais ce projet, déjà bien avancé, suscite des inquiétudes quant à son coût, sa gestion, (...)

Anne Voeffray
Sciences & Technologies

Les délires d’Apertus

Cocorico! On aimerait se joindre aux clameurs admiratives qui ont accueilli le système d’intelligence artificielle des hautes écoles fédérales, à la barbe des géants américains et chinois. Mais voilà, ce site ouvert au public il y a peu est catastrophique. Chacun peut le tester. Vous vous amuserez beaucoup. Ou alors (...)

Jacques Pilet
Politique

Le voyage chahuté d’Ursula

Il est fait grand bruit autour d’une fable alarmiste, d’un incident minuscule lors du vol de la présidente de la Commission européenne entre la Pologne et la Bulgarie: la perturbation du GPS attribuée à la Russie et facilement surmontée comme cela est possible sur tous les avions. Quasiment rien en (...)

Jacques Pilet