Bolsonaro et les trois petits fistons

Publié le 8 novembre 2019

Les trois premiers fils du président du plus grand pays d’Amérique du Sud semblent suivre les traces de leur père. – © Instagram

Dans la famille présidentielle brésilienne, les pommes ne sont pas tombées bien loin de l’arbre. Les trois fils de Jair Bolsonaro sont encore plus inquiétants que leur père, selon la presse locale, qui leur a trouvé des surnoms lourds de sens. Slate nous les présente dans un article qui ne laisse rien présager de bon.

Vous trouviez que l’élection de Jair Bolsonaro à la tête du Brésil ne faisait pas franchement partie des bonnes nouvelles de l’année? Vous n’avez encore rien vu, car la relève est semble-t-il assurée par ses trois fils prodiges, qui ont tous trois eu la brillante idée de faire carrière en politique. Tous les trois partagent un goût immodéré pour l’étalage public de leurs idées d’extrême-droite, notamment sur les réseaux sociaux, où ils défendent la peine de mort, le travail forcé des détenus, l’industrie agroalimentaire et leur aversion pour le communisme et les minorités, notamment.

Dans la famille Bolsonaro on demande l’aîné: Flávio Bolsonaro, 38 ans, baptisé Zéro un par la presse brésilienne, est un ancien conseiller municipal de Rio de Janeiro. Ancien député et actuel sénateur de la ville, dont il serait proche de la milice.

Zéro deux, Carlos Bolsonaro, 36 ans, est joyeusement surnommé le «pitbull». Mu par une véritable vocation sans nul doute inspirée de ses glorieux modèles, il a commencé sa carrière politique dès sa majorité en entrant au Conseil municipal de Rio de Janeiro. Nostalgique de la dictature militaire, il affiche régulièrement ses positions sur Twitter, comme en septembre dernier, lorsqu’il écrivait: «Par la voie démocratique, la transformation voulue par le Brésil n’aura pas lieu à la vitesse que nous souhaitons.»

Le dernier de ce glorieux trio – et pas des moindres: Eduardo Bolsonaro, 35 ans, surnommé Zéro trois, est député de la ville de São Paulo et nourrit une véritable passion pour les armes à feu, puisqu’il a même appelé son chien Berreta (et lui a créé un compte Instagram qui rencontre un succès non moins inquiétant). Allergique à la gauche, Eduardo est un admirateur assumé de Steve Bannon et de Matteo Salvini, qui travaille à «unir les forces populistes du monde entier» en promulguant une «vision nationaliste et souverainiste contre le globalisme», rapporte Slate.

Eduardo Bolsonaro, député de la ville de São Paulo

Validé par Donald Trump (puisqu’il a failli être ambassadeur du Brésil aux Etats-Unis), Eduardo Bolsonaro a mis le Conservative political action conference à la sauce brésilienne en tenant des réunions politiques annuelles aux nobles desseins, dont promouvoir les valeurs chrétiennes, la vision traditionnelle de la famille et du mariage et lutter contre l’avortement: «Après des décennies d’obscurité, un nouveau faisceau de lumière frappe les terres brésiliennes. Dans cette nouvelle ère, la société se fait entendre et se mobilise contre la terreur du communisme.»

Notons tout de même que, outre ce réjouissant trio, Jair Bolsonaro a deux autres enfants. Renan et Laura, qui sont encore trop jeunes pour entrer en politique. Il n’est donc pas interdit d’espérer.


Pour lire l’article original, c’est par ici!


A lire aussi:

Non, Bolsonaro et sa politique ne sont pas les seuls responsables! – Domenica Canchano Warthon

Les cents premiers jours de Bolsonaro – Jean-Jacques Fontaine

Le Brésil de Bolsonaro – Jean-Jacques Fontaine

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Histoire

80 ans de l’ONU: le multilatéralisme à l’épreuve de l’ère algorithmique

L’Organisation des Nations unies affronte un double défi: restaurer la confiance entre Etats et encadrer une intelligence artificielle qui recompose les rapports de pouvoir. Une équation inédite dans l’histoire du multilatéralisme. La gouvernance technologique est aujourd’hui un champ de coopération — ou de fracture — décisif pour l’avenir de l’ordre (...)

Igor Balanovski
Sciences & TechnologiesAccès libre

Les réseaux technologiques autoritaires

Une équipe de chercheurs met en lumière l’émergence d’un réseau technologique autoritaire dominé par des entreprises américaines comme Palantir. À travers une carte interactive, ils dévoilent les liens économiques et politiques qui menacent la souveraineté numérique de l’Europe.

Markus Reuter
Politique

Un nouveau mur divise l’Allemagne, celui de la discorde

Quand ce pays, le plus peuplé d’Europe, est en crise (trois ans de récession), cela concerne tout son voisinage. Lorsque ses dirigeants envisagent d’entrer en guerre, il y a de quoi s’inquiéter. Et voilà qu’en plus, le président allemand parle de la démocratie de telle façon qu’il déchaîne un fiévreux (...)

Jacques Pilet
Politique

Et si l’on renversait la carte du monde!

Nos cartes traditionnelles, avec le nord en haut et le sud en bas, offrent un point de vue arbitraire et distordu qui a façonné notre vision du monde: l’Afrique, par exemple, est en réalité bien plus grande qu’on ne le perçoit. Repenser la carte du globe, c’est interroger notre perception (...)

Guy Mettan
Politique

En Afrique, à quoi servent (encore) les élections?

Des scrutins sans surprise, des Constitutions taillées sur mesure, des opposants muselés: la démocratie africaine tourne à la farce, soutenue ou tolérée par des alliés occidentaux soucieux de préserver leurs intérêts. Au grand dam des populations, notamment des jeunes.

Catherine Morand
Economie

Où mène la concentration folle de la richesse?

On peut être atterré ou amusé par les débats enflammés du Parlement français autour du budget. Il tarde à empoigner le chapitre des économies si nécessaires mais multiplie les taxes de toutes sortes. Faire payer les riches! Le choc des idéologies. Et si l’on considérait froidement, avec recul, les effets (...)

Jacques Pilet
Sciences & Technologies

La neutralité suisse à l’épreuve du numérique

Face à la domination technologique des grandes puissances et à la militarisation de l’intelligence artificielle, la neutralité des Etats ne repose plus sur la simple abstention militaire : dépendants numériquement, ils perdent de fait leur souveraineté. Pour la Suisse, rester neutre impliquerait dès lors une véritable indépendance numérique.

Hicheme Lehmici
Sciences & Technologies

Identité numérique: souveraineté promise, réalité compromise?

Le 28 septembre 2025, la Suisse a donné – de justesse – son feu vert à la nouvelle identité numérique étatique baptisée «swiyu». Présentée par le Conseil fédéral comme garantissant la souveraineté des données, cette e-ID suscite pourtant de vives inquiétudes et laisse planner la crainte de copinages et pots (...)

Lena Rey
Politique

Les poisons qui minent la démocratie

L’actuel chaos politique français donne un triste aperçu des maux qui menacent la démocratie: querelles partisanes, déconnexion avec les citoyens, manque de réflexion et de courage, stratégies de diversion, tensions… Il est prévisible que le trouble débouchera, tôt ou tard, sous une forme ou une autre, vers des pouvoirs autoritaires.

Jacques Pilet
Santé

Le parlement suisse refuse de faire baisser les coûts de la santé

Chaque année, à l’annonce de l’augmentation des primes d’assurance maladie, on nous sert comme argument l’inévitable explosion des coûts de la santé. Or ce n’est pas la santé qui coûte cher, mais la maladie! Pourtant, depuis des années, une large majorité de parlementaires rejette systématiquement toute initiative en lien avec (...)

Corinne Bloch
Politique

La stratégie de Netanyahu accélère le déclin démocratique d’Israël

Le quotidien israélien «Haaretz» explique comment l’ancien Premier ministre Naftali Bennett met en garde les forces de sécurité et les fonctionnaires contre une possible manipulation du calendrier électoral et la mainmise de Netanyahu sur l’appareil sécuritaire.

Patrick Morier-Genoud
Philosophie

Une société de privilèges n’est pas une société démocratique

Si nous bénéficions toutes et tous de privilèges, ceux-ci sont souvent masqués, voir niés. Dans son livre «Privilèges – Ce qu’il nous reste à abolir», la philosophe française Alice de Rochechouart démontre les mécanismes qui font que nos institutions ne sont pas neutres et que nos sociétés sont inégalitaires. Elle (...)

Patrick Morier-Genoud
Politique

Netanyahu veut faire d’Israël une «super Sparte»

Nos confrères du quotidien israélien «Haaretz» relatent un discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui évoque «l’isolement croissant» d’Israël et son besoin d’autosuffisance, notamment en matière d’armement. Dans un éditorial, le même quotidien analyse ce projet jugé dangereux et autodestructeur.

Simon Murat
Culture

Sorj Chalandon compatit avec les sinistrés du cœur

Après «L’enragé» et son mémorable aperçu de l’enfance vilipendée et punie, l’écrivain, ex grand reporter de Libé et forte plume du «Canard enchaîné», déploie une nouvelle chronique, à résonances personnelles, dont le protagoniste, après la rude école de la rue, partage les luttes des militants de la gauche extrême. Scénar (...)

Jean-Louis Kuffer
Politique

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet
Politique

USA out, Europe down, Sud global in

Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai et les célébrations qui se sont tenus en Chine cette semaine témoignent d’un nouveau monde. L’Europe n’en fait pas partie. A force de pusillanimité, d’incompétence géopolitique et à trop jouer la carte américaine, elle a fini par tout perdre. Pourtant, elle persévère (...)

Guy Mettan