Analyses de Jacques Pilet

La vague qui monte
D’où monte donc cette vague droitiste, aux couleurs nuancées, partout en Europe. En France, elle est au bord du pouvoir. Elle triomphe dans plusieurs pays. Et en Suisse? Le tableau que dresse le jeune essayiste Nicolas Jutzet dans son livre intitulé non sans humour «La Suisse n’existe plus» pose des questions subtiles, trop rarement formulées.

La marmite politique bouillonne sur le net
Que cela plaise ou non, le fait est que la jeune génération laisse tomber les médias traditionnels et préfère les réseaux sociaux. Ceux-ci surchauffent en France ces temps-ci. C’est la bousculade des petites vidéos sur Tiktok, Instagram et autres. Tout le monde s’y met. Les partis s’y ruent. Plus timidement les télés, les radios, les journaux aussi, pour rappeler qu’ils existent. Tous entremêlés avec les interventions des simples pékins.

Démocratique, la France? Pas si sûr
Comme d’autres, notre chère voisine aime donner des leçons de démocratie au monde entier. Elle aurait pourtant de quoi s’interroger sur la sienne. Une vaste part du champ médiatique est aux mains de milliardaires soucieux d’exercer ainsi leur influence, faisant leurs grosses affaires dans d’autres secteurs. L’un d’eux se déchaîne sans vergogne: Vincent Bolloré. Les jeux, à cet égard, s’en trouvent pipés.

L’Europe aux mains des fachos? Pas si vite!
Nous voilà éberlués devant le théâtre confus de la France. En revanche bien peu intéressés par le nouveau visage du Parlement européen. Qui pèsera pourtant, indirectement sur la Suisse aussi. Marée d’extrême droite? Où mène-t-elle? De quels fonds monte-t-elle? A voir de plus près.

Transparence, suite et pas fin
Nous parlions l’autre jour du blocage des informations sur l’achat massif des vaccins par l’OFSP. Or celui-ci, avec l’assentiment du Conseil fédéral, est reparti à l’assaut de la transparence, en introduisant, malgré les protestations, un article (52 c) à la loi sur l’assurance-maladie: il permet de déroger à la publication des prix de certains médicaments.

Transparence, mon œil!
Le mot fait bien dans les discours. Mais tous les Etats, même démocratiques, ont une peine du diable à la mettre en pratique. En Suisse aussi. Il a fallu des curieux persévérants, soutenus par la courageuse télé genevoise Léman-Bleu, pour que les parlementaires aillent mettre le nez dans les petites affaires de l’ex-conseillère d’Etat verte Fabienne Fischer qui puisait dans la caisse pour sa campagne électorale. C’est chose faite. Qu’il y ait sanction ou pas, bravo. Il faut dire qu’en 2016 la Suisse s’est dotée d’une loi précieuse sur la transparence administrative.

Torracinta, l’inoubliable
C’était l’an passé. Troublé par certains blocages de l’information dans les grands médias, j’eus l’envie d’en parler à celui qui, à la télévision, fut mon maître, ma référence exemplaire. Retraité depuis si longtemps, Claude Torracinta me reçut, dans sa campagne genevoise, certes atteint dans sa santé, mais avec un sourire plus large qu’autrefois.

Cuba: tumulte dans la rue et sur Tiktok
Depuis trois mois les manifs se multiplient dans l’île. Parce que plus rien ne va. Manque d’aliments et de médicaments, et surtout pannes d’électricité à répétions qui perturbent l’économie et la vie quotidienne. Les videos déferlent sur Tiktok, très regardé par les Cubains. Particularité: tous les camps s’y expriment. Le président de la République compris. De fait, pour la première fois depuis le début de la révolution lancée par Fidel Castro, un espace de débats s’ouvre sans guère de freins. Chaotique mais comme des prémices de démocratie.

La RTS part en chasse… et se plante
La TV romande, dans son émission «Vraiment», dézingue pendant une demi-heure le médecin français Louis Fouché, figure de proue des accusateurs du vaccin anti-Covid de Pfizer, «la star des complotistes». Coupable d’avoir tenu des conférences à Lausanne et Aubonne, sous le titre «Traverser la peur». Ce qui, est-il dit, «a suscité l’inquiétude de la gauche vaudoise».

Bain de paix à Genève
Le mot paix est tabou pour beaucoup. Si on la réclame illico en Ukraine ou à Gaza, on risque de méchants commentaires. Il n’empêche que ces jours, elle est à l’honneur à Genève. D’abord au plan de l’éducation. Il s’est tenu ce jeudi un vaste débat au Palais des Nations autour de ce thème. Comment, au-delà de l’actualité, s’imprégner d’un état d’esprit plus pacifique que belliqueux?

Merci à l’OTAN!
L’image doit illuminer le visage de Madame Viola Amherd et frétiller d’aise son commandant en chef Süssli: six hélicoptères de combat américains sur l’aérodrome de Payerne. Leurs pilotes, est-il dit, sont venus entraîner leurs petits camarades suisses et s’exercer eux-mêmes en haute montagne.

Trop discrète industrie
On parle beaucoup du ménage des banques. Et pour cause. On s’inquiète de l’agriculture. A raison. On se demande ce que nous réserve le duopole Migros-Coop. L’industrie suisse? Elle fait moins les gros titres, mis à part ses glorieuses vedettes de l’horlogerie et de la pharma. Mais voilà qu’elle vient de se rappeler à nous avec la fermeture de Vetropack à St.Prex.

Où va l’Europe? C’est aussi notre affaire
Les Suisses se contrefichent de l’élection prochaine du Parlement européen. Normal. Pourtant les partenaires de l’UE qui lui sont plus ou moins reliés feraient bien d’ouvrir l’œil sur les changements qui pourraient survenir. Ils ne manqueront pas d’effets dans son entourage. Sur trois plans au moins. Survol.

Le tumulte dans nos têtes
La question nous taraude. Comment le gérer, ce tumulte de l’époque? Tirer le rideau et se recentrer sur soi et ses dadas? Chauffer les émotions jusqu’à se forger des certitudes inoxydables? Mettre les journaux à la poubelle au seul bénéfice de l’histoire, de la culture, de la philosophie, des joyeusetés du divertissement? Comme si l’appart n’était pas assez grand? Ou respirer à fond, rester calmes au choc des nouvelles et tenter d’y voir clair tant bien que mal?

Droit dans le mur
L’histoire douloureuse de mon ami Jean-Louis Porchet, producteur, grande figure du cinéma romand, vaut d’être racontée. Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice!

Frénésies guerrières
Les bombes continuent de tuer, ici et là. Et nous, dans le joyeux printemps, subissons le feu roulant des informations. On s’y habitue. Plus grand monde ne parle de paix. Les discours s’enflamment: il faut des armes, toujours plus d’armes. Dans le sillage des Etats-Unis, l’Europe, France en tête, n’en finit pas de nourrir l’hubris belliqueuse. La Suisse aussi.

Les leçons du Portugal
Le 50ème anniversaire de la Révolution des Œillets qui mit fin à la dictature de Salazar et à l’époque coloniale se rappelle à nous. Que tirer de cette célébration? Un cas historique et aussi la sagesse d’un peuple, dont d’autres peuvent être jaloux.

La démocratie… tout en souplesse
Il y a des jours où l’accumulation d’informations finit par troubler nos certitudes. Celle, par exemple, de savoir l’Europe ancrée dans la démocratie. A chacun d’en juger…

Suisse-Palestine: d’obscurs blocages
L’alignement de la Suisse sur les positions américaines et israéliennes devient patent. Sinon comment expliquer le refus de débloquer les 20 millions promis à l’UNRWA, l’entité de l’ONU qui assure depuis 1950 un soutien alimentaire, sanitaire et éducatif, auprès des réfugiés palestiniens, dans les territoires occupés, ainsi qu’à Gaza? Et voilà que même des banques suisses emboîtent le pas et refusent des versements à destination de cette organisation humanitaire.

Le dernier fantasme de García Márquez
«Nous nous reverrons en août», Gabriel García Márquez, traduit de l'espagnol (Colombie) par Gabriel Iaculli, Editions Grasset, 144 pages.

Les mafias se royaument en Suisse
La cheffe de la police fédérale (Fedpol), Nicoletta della Valle, n’a pas la langue dans sa poche. Elle vient de donner une interview à la «NZZ» qui mérite l’attention. Selon elle, les organisations criminelles internationales sont bien implantées chez nous et les moyens pour les traquer sont insuffisants.

Et pan sur la Suisse ! L’auto-goal des maîtres de conscience
L’arrêt dit historique de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) condamnant la Suisse pour « son manque d’action face au changement climatique » divise l’opinion helvétique. La gauche et les verts jubilent, la droite classique marmonne, la droite nationaliste s’indigne… à moins qu’elle ne se réjouisse aussi: on lui sert sur un plateau un argument qui nourrira sa détestation de tout ce qui porte le nom d’Europe. L’UE bien sûr, mais aussi le Conseil de l’Europe, le club élargi , créé en 1949 avec la noble mission de promouvoir les droits humains: 46 membres, la Russie ayant été exclue en 2022.

« Le bal des illusions » en France. Et dans le monde ?
Richard Werly, le célèbre journaliste de Blick.fr, assidu des plateaux télé français, nous dit où en est la France et comment le monde la voit (1). Qui pourrait mieux le faire ? Franco-suisse, Parisien toujours en route, il a séjourné dans de nombreux pays. Il est allé interroger d’éminents journalistes, des figures politiques, des experts à la fibre francophone, partout en Europe, en Amérique, en Asie. Résultat des courses: beaucoup d’interlocuteurs frustrés, parfois même atterrés. Visions trop sombres. Ou encore trop optimistes ?

Quitter Gaza? Oui, mais au prix fort
Le quotidien communiste français «L’Humanité» (mais oui, il existe encore!) publie une enquête accablante sur un commerce égyptien. L’agence Hala Consulting and Tourism, propriété de l’homme d’affaires Ibrahim Al Argany, proche du président Al Sissi, s’est fait une spécialité. Elle permet, avec l’accord des Israéliens et des Egyptiens, la sortie de Gaza aux personnes en mesure de payer de fortes sommes.