Séparés de nous-mêmes et du réel, pénurie due à la conjugalité et un clip de l’UDC

Publié le 24 août 2020
Le conseiller fédéral Alain Berset est l’auteur d’une nouvelle sentence révélatrice de sa philosophie: «J'avais envie de les séparer». Dans le même temps, la question du nombre de nos partenaires sexuels se pose de manière biaisée culturellement. Tandis que l’UDC crée à nouveau la polémique, on se demande pourquoi et on pense avoir trouvé une possible réponse.

La nouvelle école de philosophie suisse, celles des covidiens, fait à nouveau parler d’elle, par la voix du plus pointu de ses représentants, le conseiller fédéral Alain Berset. «J’ai vu des gens s’embrasser. J’avais envie de les séparer», a-t-il déclaré, selon le quotidien 24 heures. C’est presque eschatologique. L’important est dans la seconde partie de la sentence: «J’avais envie de les séparer». Ce que décrit ici Alain Berset, c’est la tâche du politique depuis qu'il s'est aliéné à l’économie: séparer les gens, les uns des autres et d’eux-mêmes. Prenons un exemple simple: Alain Berset, comme d’autres, veut «freiner les coûts de la santé». Quand celles et ceux  qui l’écoutent sont séparés d’eux-mêmes et du monde, ils acceptent l’idée que la santé coûte cher, alors que c’est la maladie qui est onéreuse. Et ils oublient que celle-ci a des causes, par exemple la nourriture industrielle et les pesticides, et qu’il serait plus logique d’agir sur ces causes que de punir les malades. Pour que nous n'y pensions pas, Alain Berset a intérêt à nous séparer de nos propres existences. Il fait son possible.                   
***
Le site Femme actuel ressort de ses tiroirs un sondage de 2017, ce qui lui permet un titre accrocheur: «Quel est le nombre "idéal" de partenaires sexuels à avoir avant de se mettre en couple?» Une fois le lecteur appâté, Femme actuel peut expliquer tout à la fois qu’il n’y a pas de nombre idéal et que celui-ci est de 12 pour les personnes ayant répondu au sondage. Ça ne mange pas de pain, tout le monde fait le compte pour lui-même. Femme actuel, comme beaucoup de magazines féminins, est une burka culturelle. Osera-t-il un jour poser cette question beaucoup plus intéressante: «Quel est le nombre "idéal" de partenaires sexuels à avoir APRÈS s’être mis en co...

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