Christophe à Beausobre: le beau bizarre en roue libre

Publié le 13 novembre 2019
Sensible, talentueux et surtout hors format. Ce mercredi 6 novembre, Christophe a foulé les planches du Théâtre de Beausobre, à Morges, pour nous offrir un spectacle en solo. Chantant ses plus grands «succès fous», l’artiste français aux lunettes bleues a réinterprété des mots qui n’ont plus tout à fait la même couleur. Naviguant entre son piano à queue, ses guitares électriques, ses synthés et autres machines, Christophe, accompagné d’un verre de whisky, a donné à son concert une saveur expérimentale.

L’homme est fou, complètement décalé. Avec ce concert à Morges, mercredi dernier, c’est désormais certain pour les personnes qui ne l’avaient jamais vu en concert. D’abord, l’allure: dandy éternel, Christophe n’a pas lâché ses bottes à talons, ses lunettes rondes bleutées, sa moustache finement taillée et sa chevelure longue et blonde. Ensuite, la démarche: de grands pas lourds et fiers, comme sur des ressorts – on dirait un enfant qui joue aux chevaliers. Si touchant pour qui connaît le personnage et sa sensibilité. Mais un brin surprenant pour le premier venu. Et c’est là une grande qualité: avec Christophe, on est en dehors des formatages.
Une recherche musicale
Cela se confirme quand il se met à chanter, après s’être assis devant son piano à queue. Sa voix est autant aigue qu’hachée, elle donne une idée de celle que doivent avoir les anges noirs de la nuit. Ce qui n’est pas surprenant: Christophe dort le jour. Le soir venu, il se lève, aux alentours de 18h00. L’homme qui chante devant nous, sur scène, en est donc à sa matinée. Son petit-déjeuner est fluide: un bon vieux Jack Daniel's. Pas de filtre. Son prompteur, il l’assume. Il s’en vante même. Ce qui compte pour lui, pour nous, ce n’est que sa manière de réinterpréter ses chansons. Car chaque unique concert équivaut pour cet artiste à la création d’une œuvre.

«Je suis en perpétuelle recherche musicale», ma confié le chanteur après son concert pour un entretien à paraître en décembre dans le mensuel Le Regard Libre et ici-même. Ce qui explique que son récital avait plutôt l’air d’une répétition. Christophe nous l’a d’ailleurs dit entre deux chansons: «Je ne répète pas chez moi. Dans mon appartement, il y a un grand piano: je n’y touche jamais. Pareil pour la guitare. Je m’exerce devant vous, en fait.» Cela fait d...

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