Eloge du billet de mille

Publié le 26 avril 2019

Le billet de mille devient une réserve de valeur bon marché puis qu’il suffit de le stocker dans un coin bien caché. – © BNS

La sortie de la nouvelle coupure début mars a servi de prétexte à montrer combien les Suisses raffolent de grosses coupures. Mais en parallèle, ils paient toujours plus par cartes... et avec leur téléphone portable. Et si le gros billet entonnait son chant du cygne?

La sortie, début mars dernier, du nouveau billet de mille francs par la Banque nationale a donné le prétexte à une hallucinante célébration nationale, celle de cette grosse coupure. Partout dans le pays, médias et réseaux sociaux ont vibré aux couleurs de la coupure, ont insisté sur sa valeur, la plus élevée au monde (il paraît), et surtout son étonnant succès. La nation a communié dans la représentation la plus valorisée de sa monnaie.

Il est vrai que le sort de cette coupure est pour le moins paradoxal. Elle est toujours plus demandée, comme le montrent les statistiques de circulation des billets de banque de la Banque nationale, qui les émet et est la très attentive gardienne de leur valeur. Il paraît que les gens continuent d’acheter voitures, bijoux, voire de régler leurs factures au guichet de la poste par ce moyen. Et pourtant, les gens ne sont pas plus fortunés qu’avant. C’est même plutôt le contraire: les salaires stagnent, les charges obligatoires augmentent, les fins de mois s’amaigrissent.

Riches et pauvres

Aux abois, les gens cherchent toutes sortes de petites économies. On réduit la facture de téléphone portable en passant de Swisscom à Salt, on multiplie les cartes Cumulus, et on ferme son compte d’épargne, dont les frais grandissants ont dépassé depuis longtemps les maigres intérêts qu’ils rapportent. Le billet de mille devient une réserve de valeur bon marché puis qu’il suffit de le stocker dans un coin bien caché. C’est, en fait, l’épargne...

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