L’angoisse des expatriés

Publié le 16 avril 2019
Le 29 mars, le Parlement britannique a rejeté, pour la troisième fois, l’accord de sortie négocié entre Theresa May et l’Union européenne, assénant un coup brutal à l’hypothèse d’un départ «ordonné». En cas de «no deal», qu’arrivera-t-il aux Britanniques expatriés d’un bout à l’autre de l’Europe, ainsi qu’aux Européens installés au Royaume-Uni, qui oscillent entre inquiétude et résignation?

Janvier 2019, dans le sud de l’Italie. Un couple d’Anglais résidant dans les Pouilles semble très pressé de rentrer «au pays». Le chaos qui règne au Parlement britannique a précipité sa décision. Propriétaires de plusieurs animaux, ils ont peur de ne pas pouvoir les emmener avec eux le jour où ils décideraient de quitter l’Italie, dans l’hypothèse où aucun accord entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne ne serait conclu. Et puis, dans ce cas, auront-ils besoin de VISA à chaque voyage? De demander des titres de séjour permanents? Qu’en sera-t-il de leur couverture santé? L’idée d’une telle complication de leur quotidien, à leur âge avancé, a suffi à les dissuader de rester. Comme ce couple, les 1,3 million de citoyens britanniques expatriés dans l’Union européenne vivent dans l’incertitude.

Car, dans l’accord de retrait proposé en décembre 2017, un mois et demi après le référendum, UE et UK se sont entendus sur une liste de droits civiques, établie par le Department of Exiting the European Union. Dans ce document, il est question de libre circulation, de couverture de santé, de pension, d’accès à l’éducation et de regroupement familial, notamment. Mais les expatriés, d’un côté comme de l’autre de la Manche, sont conscients qu’ils ne peuvent s’y raccrocher avec certitude.

Etat des faits
Le 4 avril dernier, le Parlement européen a voté en faveur de l’exemption de Visa pour les citoyens britanniques qui souhaitent faire un court séjour (trois mois) dans l’UE, même en cas de «no deal», pour autant que cette liberté soit réciproquement accordée. Mais rien n’a encore été décidé pour les résidents permanents en dehors du Royaume-Uni. Ni pour les non-Britanniques résidant outre-Manche. En cas de ratification de l’accord avant le 31 octobre prochain (délai accordé à Th...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Santé

Le parlement suisse refuse de faire baisser les coûts de la santé

Chaque année, à l’annonce de l’augmentation des primes d’assurance maladie, on nous sert comme argument l’inévitable explosion des coûts de la santé. Or ce n’est pas la santé qui coûte cher, mais la maladie! Pourtant, depuis des années, une large majorité de parlementaires rejette systématiquement toute initiative en lien avec (...)

Corinne Bloch

Une société de privilèges n’est pas une société démocratique

Si nous bénéficions toutes et tous de privilèges, ceux-ci sont souvent masqués, voir niés. Dans son livre «Privilèges – Ce qu’il nous reste à abolir», la philosophe française Alice de Rochechouart démontre les mécanismes qui font que nos institutions ne sont pas neutres et que nos sociétés sont inégalitaires. Elle (...)

Patrick Morier-Genoud

Sorj Chalandon compatit avec les sinistrés du cœur

Après «L’enragé» et son mémorable aperçu de l’enfance vilipendée et punie, l’écrivain, ex grand reporter de Libé et forte plume du «Canard enchaîné», déploie une nouvelle chronique, à résonances personnelles, dont le protagoniste, après la rude école de la rue, partage les luttes des militants de la gauche extrême. Scénar (...)

Jean-Louis Kuffer

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet

USA out, Europe down, Sud global in

Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai et les célébrations qui se sont tenus en Chine cette semaine témoignent d’un nouveau monde. L’Europe n’en fait pas partie. A force de pusillanimité, d’incompétence géopolitique et à trop jouer la carte américaine, elle a fini par tout perdre. Pourtant, elle persévère (...)

Guy Mettan
Accès libre

L’individualisme, fondement démocratique, selon Tocqueville

Notre démocratie est en crise, comment la réinventer? Que nous enseignent ceux qui, au cours des âges, furent ses concepteurs? Pour le penseur français Alexis de Tocqueville (1805-1859), l’individualisme et l’égalisation des conditions de vie sont deux piliers essentiels de la démocratie.

Bon pour la tête
Accès libre

La politique étrangère hongroise à la croisée des chemins

Pour la première fois en 15 ans, Viktor Orban est confronté à la possibilité de perdre le pouvoir, le parti d’opposition de Peter Magyar étant en tête dans les sondages. Le résultat pourrait remodeler la politique étrangère de la Hongrie, avec des implications directes pour l’Union européenne.

Bon pour la tête
Accès libre

Les fonds cachés de l’extrémisme religieux et politique dans les Balkans

L’extrémisme violent dans les Balkans, qui menace la stabilité régionale et au-delà, n’est pas qu’idéologique. Il sert à générer des profits et est alimenté par des réseaux financiers complexes qui opèrent sous le couvert d’associations de football, d’organisations humanitaires et de sociétés actives dans la construction, l’hôtellerie ou le sport. (...)

Bon pour la tête

Les empires sont mortels. Celui de Trump aussi

Dans mon précédent papier, j’ai tenté de montrer comment la république impériale américaine (selon le titre d’un livre de Raymond Aron publié en 1973 déjà!) était en train de se transformer en empire autoritaire et velléitaire sous la férule Sa Majesté Trump 1er. Bonne nouvelle: les empires sont mortels et (...)

Guy Mettan
Politique

France-Allemagne: couple en crise

De beaux discours sur leur amitié fondatrice, il y en eut tant et tant. Le rituel se poursuit. Mais en réalité la relation grince depuis des années. Et aujourd’hui, l’ego claironnant des deux dirigeants n’aide pas. En dépit de leurs discours, Friedrich Merz et Emmanuel Macron ne renforcent pas l’Europe.

Jacques Pilet

Affaire Vara: telle est prise qui… Tel est pris aussi

Les vacances à Oman de la conseillère d’Etat neuchâteloise Céline Vara lui valent un tombereau de reproches. Il s’agit pourtant d’un problème purement moral qui pourrait très bien revenir en boomerang vers celles et ceux qui l’agitent. Ce billet d’humeur aurait aussi pu être titré «fétichisation des convictions politiques».

Patrick Morier-Genoud

Retour à l’îlot de cherté au détriment des consommateurs suisses

Lors de la session parlementaire de juin, nous assisterons à une attaque hypocrite et malheureuse contre le droit de la concurrence. Car si les «libéraux du dimanche» ̶ comme on les appelle désormais ̶ prônent la libre concurrence le dimanche, ils font en réalité pression contre elle le reste de (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Extrémistes? Fachos? Pro-russes? La valse des étiquettes

Ces deux évènements donnent à réfléchir. Les services de renseignement allemands déclarent le principal parti d’opposition, l’AfD, «extrémiste de droite attesté». En Roumanie, le candidat «antisystème» arrive en tête du premier tour des élections présidentielles. Il est étiqueté «extrême-droite» et «pro-russe». Deux questions à se poser. Ces formations menacent-elles la (...)

Jacques Pilet
Accès libre

«Make Religion Great Again»: la place de la religion dans l’Etat trumpien

Le 7 février dernier, Donald Trump a créé au sein de la Maison Blanche un «bureau de la foi», chargé de renforcer la place de la religion aux Etats-Unis. Que signifie la création de cette nouvelle instance, et que dit-elle de l’administration Trump 2?

Bon pour la tête
Accès libre

Psyché et géopolitique

Le célèbre Emmanuel Todd, auteur de «La défaite de l’Occident» paru l’année dernière chez Gallimard et traduit en 23 langues, analyse le monde en démographe, en historien, en raisonneur. L’autre jour il disait cependant sa perplexité devant la fièvre belliciste qui se manifeste en Europe. Il se demandait s’il ne (...)

Jacques Pilet

«Le trumpisme est-il un fascisme?»

La tornade Donald Trump fait chavirer l’Amérique et l’Europe. Moins de deux mois après son retour à la Maison Blanche, le président renverse des conventions diplomatiques vieilles de plusieurs siècles et bouscule dans son propre pays des institutions centenaires. Faut-il y voir comme les historiens Robert Paxton et Stéphane Audoin-Rouzeau (...)

Bon pour la tête