Du rififi à l’épicerie

Publié le 29 mars 2019
Fooby or not Fooby, telle semble être la question pour les producteurs locaux. Le géant Coop lance le concept store Fooby, sa première enseigne gastronomique tournée vers le bio et le local en terres vaudoises, et la présence de produits locaux parmi l’assortiment habituel de la COOP suscite le débat. Coup de pouce à l’artisanat gastronomique local ou «greenwashing»? Un peu des deux, probablement.

Anna Décosterd
Auteure du blog www.mysweetmouette.ch, rédactrice Food et Lifestyle

Il est samedi, et j’ai très hâte de découvrir la nouvelle enseigne Fooby. Cela fait quelques jours que «ça discute» ferme sur les réseaux et, en tant que responsable d’un circuit court, je me demande à quoi va ressembler ce nouveau temple du fin gourmet local. Le lieu me surprend un peu: la place Bel-Air draine une foule bigarrée et plutôt populaire, et ce samedi ne déroge pas à la règle. Cinq jeunes filles en rang d’oignon me barrent la route, et la vue. Il y a vraiment de tout dans le petit groupe, de la mini-jupe accompagnée de cuissardes au combo foulard-robe par-dessus un pantalon slim, en passant par un derrière soigneusement compressé dans un jeans taille haute du plus bel effet Kim K. Comme toutes les jeunes filles, elles rient trop fort et surveillent du coin de l’œil l’effet produit sur la population masculine autour, visiblement très intéressée. Que diable vient faire là Fooby? Le mystère reste entier et je m’impatiente.

Elles s’éparpillent au feu rouge, et je comprends enfin. Le bâtiment est magnifique et l’intérieur, visible par les immenses baies vitrées, totalement dans la ligne des enseignes pour gourmets avertis que l’on peut visiter à Londres ou à Milan. Blanc et noir, design et épuré, tout en restant chaleureux grâce à la profusion de produits alléchants. J’en reste bouche bée, j’avoue. A l’intérieur, ça se complique un peu. «Mais c’est juste une COOP! » s’exclame, déçue, l’une de mes filles. Oui mais non, en fait, comme dit la jeune génération. Il est vrai que même fabriqué sur place avec une farine régionale, le pain garde son aspect calibré et donc industriel. Les carrés de pizzas maison sont épais et arrosés de ce drôle de liquide rouge censé représenter une sauce...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

La loi du plus fort, toujours

Le mérite de Donald Trump est d’éclairer d’une lumière crue, sans fioritures, la «loi du plus fort» que les Etats-Unis imposent au monde depuis des décennies. La question des barrières douanières est le dernier avatar de ces diktats qui font et firent trembler le monde, au gré des intérêts de (...)

Catherine Morand

Ma caisse-maladie veut-elle la peau de mon pharmacien?

«Recevez vos médicaments sur ordonnance par la poste», me propose-t-on. Et mon pharmacien, que va-t-il devenir? S’il disparaît, les services qu’ils proposent disparaîtront avec lui. Mon seul avantage dans tout ça? Une carte cadeau Migros de trente francs et la possibilité de collecter des points cumulus.

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Réduire pesticides et engrais chimiques en accompagnant les agriculteurs

Pour que les pratiques agricoles évoluent, il faut que les agriculteurs y trouvent leur intérêt et soient accompagnés dans ces changements. Certains pays ont ainsi réussi à réduire durablement l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques. Voici comment.

Bon pour la tête

L’Amérique du Sud préfère la Chine

L’Argentine, le Brésil ou encore le Pérou exportent chaque année davantage de produits en direction du marché chinois au dépend des Etats-Unis, explique «Zonebourse».

Bon pour la tête

Feu vert… à la corruption

Dans l’avalanche de décisions de Trump, il y en a une, toute récente, qui a peu retenu l’attention et qui pourtant sera lourde de conséquences pour les Européens, Suisses compris. Il demande la suspension de la loi qui interdit de décrocher des marchés en graissant la patte des fonctionnaires étrangers.

Jacques Pilet

Non, chère Migros, on ne te dit pas merci!

L’enseigne suisse a annoncé qu’un millier de ses produits verront leur prix baisser en 2025. Bonne nouvelle, mais pourquoi maintenant seulement?

Jacques Pilet
Accès libre

Le boom des exportations chinoises

Malgré les tentatives occidentales pour limiter les importations de produits chinois, le volume de celles-ci a augmenté de 40% en 5 ans, expliquent nos confrères des «Echos».

Bon pour la tête
Accès libre

Mercosur: colère en France et sourire en Suisse

Les paysans français furieux bloquent des routes. Et les partis de tous bords applaudissent. Jusqu’à Emmanuel Macron qui affirme que l’accord commercial entre l’Europe et plusieurs pays sud-américains est inacceptable. Etonnant quand on regarde de plus près. Devant le sprint final de cette négociation qui dure depuis 1999, la Suisse (...)

Jacques Pilet
Accès libre

Le défi de la réglementation de la pêche en mer

Le secteur est actuellement régi par des codes dignes du Far West. Puisque les poissons des océans du monde entier appartiennent à tout le monde, les Etats tentent encore de s’accaparer ce qui peut l’être à coups de milliards de subventions à l’industrie de la pêche. Comment y mettre bon (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Le déni des Suisses devant d’inquiétants clignotants

Français et Allemands sont envahis par les doutes quant à l’avenir de leur économie. Les Suisses, eux, restent ancrés dans leurs rassurantes certitudes. Ces derniers feraient bien d’être plus attentifs. Nombre de nouvelles pas gaies tombent ces jours-ci.

Jacques Pilet
Accès libre

La taxe britannique sur les boissons sucrées est efficace

Depuis 2018, la Grande-Bretagne applique une taxe sur les boissons sucrées. Des chercheurs de l’Université de Cambridge ont étudié comment celle-ci avait influencé la consommation de sucre des Britanniques. Les recherches concluent à l’efficacité de cette mesure: après une année d’application seulement, la consommation de sucre avait sensiblement diminué.

Bon pour la tête
Accès libre

Les tongs, un succès mondial aux pieds de tous

Les tongs sont plus universelles que les baskets. Les ventes mondiales de ces nu-pieds qui séparent le gros orteil des autres dépassent celles des sneakers. Symbole des vacances d’été à la plage, les tongs sont aussi les premières chaussures des hommes et des femmes qui vivent très pauvrement dans les (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Rencontre avec la banquière férue de poésie qui fait durer la guerre de Poutine

Elvira Nabiullina, 60 ans, est depuis plus de dix ans à la tête de la Banque centrale de Russie. Cette économiste aux tendances libérales et favorable au libre marché a été installée à son poste par Vladimir Poutine et aurait toute la confiance du président russe. Depuis l’invasion de l’Ukraine, (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Le véganisme, idiot utile de la société de consommation?

Si le capitalisme s’accommode bien du véganisme, c’est parce que celui-ci s’affirme comme un style de vie particulier participant à la construction identitaire et relevant également d’un courant, voire parfois d’une mode. Le véganisme comporte de ce fait une dimension ontologique importante, «végane» est un attribut du sujet, on «est» (...)

Bon pour la tête
Accès libre

Le dumping salarial de Nestlé au Mexique, paradis du café

Les producteurs de café mexicains sont depuis plusieurs mois en guerre ouverte contre leur principal acheteur, le groupe Nestlé. En cause, des prix d’achats réputés trop bas, des exigences de qualité malhonnêtes et de fausses promesses de développement qui peuvent se retourner contre les agriculteurs et leurs familles. L’ONG Public (...)

Bon pour la tête

L’économie est trop importante pour la laisser aux économistes

Des voix se sont élevées pour dire que les manifestations dans les universités de ces dernières semaines étaient déplacées, car dans nos hautes-écoles on ne devrait pas prendre position. Or cette idée est à la fois utopique et stérile. D’une part, les recherches universitaires sont forcément le fruit d’un positionnement, (...)

Boas Erez