L’Inflation est morte, il convient de l’enterrer

Publié le 1 mars 2019

Ils luttent à coup de centaines de milliards pour insuffler une nouvelle vie à une inflation qui est morte depuis longtemps. – © The Blue Diamond Gallery

L'inflation est un concept compliqué, suivez les explications de notre lecteur vous verrez que ça vaut la peine!


Elie Hanna, chômeur, ex-banquier


La présence d’un peu d’inflation, jusqu’à 2% l’an, rassure les économistes et les banques centrales, puisque la hausse des prix généralisés indique d’une part que la demande est supérieure à l’offre, et d’autres part que la consommation et la masse monétaire en circulation sont maintenues à des niveaux élevés.

La déflation, avec sa spirale négative des prix, entraîne des faillites en chaines, une baisse massive des salaires, et par conséquent une incapacité à rembourser les dettes.

Or, la dette des Etats, des personnes physiques et morales, n’a jamais été aussi élevée dans l’histoire de l’humanité. Elle atteint des niveaux bien supérieurs à ceux de 2008 à environ 3,5 fois le PIB mondial.

La peur bleue de la déflation, a poussé les banques centrales à injecter massivement de la monnaie dans les rouages de l’économie, pour qu’elle ne se grippe pas. De l’aveu de la quasi-totalité des décideurs, ils ont appliqué une théorie construite et acquise suite à la crise de 1929, afin de sortir le monde d’une crise moderne, celle de 2008.

Force est de constater que cette politique monétaire n’a atteint que partiellement ses objectifs pré-établis, puisque l’économie mondiale ne repart ni partout, ni durablement, selon un vieil indice qui est l’inflation.

Ils luttent à coup de centaines de milliards pour insuffler une nouvelle vie à une inflation qui est morte depuis longtemps.

Comment peut-on créer de l’inflation dans l’économie numérique par exemple? puisque l’offre fluctue instantanément avec la demande, à la hausse comme à la baisse. En plus, les prix n’ont aucune raison d’augmenter en tenant compte de l’arrivée de nouveaux fournisseurs et la diversité de l’offre.

Comment peut-on créer de l’inflation dans le domaine des produits durables? si les capacités de productions ne font qu’augmenter, grâce aux transferts incontrôlés des technologies aux différents pays, et les injections monétaires massives des banques centrales, qui ont permis la construction de nouvelles capacités de production partout dans le monde, ce qui tue dans l’œuf tout soubresaut potentiel de l’inflation.

En Occident et au Japon, l’inflation était quasi-inexistante pendant les dix dernières années, les salaires n’ont que légèrement augmenté. C’est là où se trouve le nœud du problème. Il faut absolument augmenter massivement les salaires, afin de permettre la décroissance de la dette des particuliers; aussi bien en valeur relative qu’absolue.

Une hausse des salaires permettrait aussi aux entreprises d’augmenter les prix, et de baisser la distribution des dividendes aux actionnaires. Mais les grands bénéficiaires d’une telle augmentation seraient les Etats endettés, puisqu’une augmentation massive du PIB réduit mécaniquement les ratios dette/PIB, ainsi que la hausse des recettes fiscales.

Il nous faut une vraie politique du «helicopter money» au bénéfice des ménages et non pas à celui des spéculateurs.

La raison d’être de la défunte inflation, est de mesurer la température de l’économie. La faible inflation d’aujourd’hui nous fait croire à tort que l’économie est tiède. Pour prouver le contraire, que l’économie est plutôt en surchauffe, voire en ébullition, nous n’allons pas évoquer la Suisse, avec un million de nouvel emploi depuis 2002, et une augmentation du PIB de 41% depuis 2007, cas exceptionnel.

Prenons d’autres indicateurs économiques. Le PIB mondial est en croissance à 3,7% en 2017 et 2018 de même pour 2019, selon le FMI. Le commerce entre membres de l’OMC a augmenté de 31% entre 2006 et 2016, je n’ose pas vous donner les chiffres, ça risque de vous donner le tournis.

L’inflation n’est plus verticale par les prix mais horizontale par l’élargissement de la palette des produits.

Les instances monétaires devraient en profiter pour moderniser des normes et des mesures qui ne sont plus d’actualité, au lieu de s’accrocher à des indices qui appartiennent à un passé révolu à tout jamais.

Adieu l’inflation tu nous a suffisamment bien embêtés!

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Economie

Où mène la concentration folle de la richesse?

On peut être atterré ou amusé par les débats enflammés du Parlement français autour du budget. Il tarde à empoigner le chapitre des économies si nécessaires mais multiplie les taxes de toutes sortes. Faire payer les riches! Le choc des idéologies. Et si l’on considérait froidement, avec recul, les effets (...)

Jacques Pilet
Politique

Les penchants suicidaires de l’Europe

Si l’escalade des sanctions contre la Russie affaiblit moins celle-ci que prévu, elle impacte les Européens. Des dégâts rarement évoqués. Quant à la course aux armements, elle est non seulement improductive – sauf pour les lobbies du secteur – mais elle se fait au détriment des citoyens. Dans d’autres domaines (...)

Jacques Pilet
Culture

Stands de spritz et pasta instagrammable: l’Italie menacée de «foodification»

L’explosion du tourisme gourmand dans la Péninsule finira-t-elle par la transformer en un vaste «pastaland», dispensateur d’une «cucina» de pacotille? La question fait la une du «New York Times». Le débat le plus vif porte sur l’envahissement des trottoirs et des places par les terrasses de bistrots. Mais il n’y (...)

Anna Lietti
Politique

«Cette Amérique qui nous déteste»

Tel est le titre du livre de Richard Werly qui vient de paraître. Les Suisses n’en reviennent pas des coups de boutoir que Trump leur a réservés. Eux qui se sentent si proches, à tant d’égards, de ces Etats-Unis chéris, dressés face à une Union européenne honnie. Pour comprendre l’ampleur (...)

Jacques Pilet
Politique

La fin de l’idéologie occidentale du développement

Le démantèlement de l’USAID par Donald Trump marque plus qu’un tournant administratif: il révèle l’épuisement d’une idée. Celle d’un développement conçu par et pour l’Occident. Après des décennies d’aides infructueuses et de dépendance, le Sud s’émancipe, tandis que la Chine impose son modèle: pragmatique, souverain et efficace.

Guy Mettan
Economie

Taxer les transactions financières pour désarmer la finance casino

Les volumes vertigineux de produits dérivés échangés chaque semaine témoignent de la dérive d’une finance devenue casino. Ces instruments servent avant tout de support à des paris massifs qui génèrent un risque systémique colossal. L’instauration d’une micro-taxe sur les transactions de produits dérivés permettrait de réduire ce risque, d’enrayer cette (...)

Marc Chesney
Politique

A confondre le verbe et l’action, on risque de se planter

De tout temps, dans la galerie des puissants, il y eut les taiseux obstinés et les bavards virevoltants. Donald Trump fait mieux. Il se veut le sorcier qui touille dans la marmite brûlante de ses colères et de ses désirs. Il en jaillit toutes sortes de bizarreries. L’occasion de s’interroger: (...)

Jacques Pilet
Philosophie

Notre dernière édition avant la fusion

Dès le vendredi 3 octobre, vous retrouverez les articles de «Bon pour la tête» sur un nouveau site que nous créons avec nos amis d’«Antithèse». Un nouveau site et de nouveaux contenus mais toujours la même foi dans le débat d’idées, l’indépendance d’esprit, la liberté de penser.

Bon pour la tête
Politique

Les fantasmes des chefs de guerre suisses

Il arrive que le verrou des non-dits finisse par sauter. Ainsi on apprend au détour d’une longue interview dans la NZZ que le F-35 a été choisi pas tant pour protéger notre ciel que pour aller bombarder des cibles à des centaines, des milliers de kilomètres de la Suisse. En (...)

Jacques Pilet
PolitiqueAccès libre

PFAS: un risque invisible que la Suisse préfère ignorer

Malgré la présence avérée de substances chimiques éternelles dans les sols, l’eau, la nourriture et le sang de la population, Berne renonce à une étude nationale et reporte l’adoption de mesures contraignantes. Un choix politique qui privilégie l’économie à court terme au détriment de la santé publique.

Economie

Quand les PTT ont privatisé leurs services les plus rentables

En 1998, la Confédération séparait en deux les activités des Postes, téléphones et télégraphes. La télécommunication, qui s’annonçait lucrative, était transférée à une société anonyme, Swisscom SA, tandis que le courrier physique, peu à peu délaissé, restait aux mains de l’Etat via La Poste. Il est utile de le savoir (...)

Patrick Morier-Genoud
Politique

Netanyahu veut faire d’Israël une «super Sparte»

Nos confrères du quotidien israélien «Haaretz» relatent un discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui évoque «l’isolement croissant» d’Israël et son besoin d’autosuffisance, notamment en matière d’armement. Dans un éditorial, le même quotidien analyse ce projet jugé dangereux et autodestructeur.

Simon Murat
Politique

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet
HistoireAccès libre

Comment les industriels ont fabriqué le mythe du marché libre

Des fables radiophoniques – dont l’une inspirée d’un conte suisse pour enfants! – aux chaires universitaires, des films hollywoodiens aux manuels scolaires, le patronat américain a dépensé des millions pour transformer une doctrine contestée en dogme. Deux historiens dévoilent cette stratégie de communication sans précédent, dont le contenu, trompeur, continue (...)

Politique

L’identité numérique, miracle ou mirage?

Le 28 septembre, les Suisses se prononceront à nouveau sur l’identité numérique (e-ID). Cette fois, le Conseil fédéral revient avec une version révisée, baptisée «swiyu», présentée comme une solution étatique garantissant la souveraineté des données. Mais ce projet, déjà bien avancé, suscite des inquiétudes quant à son coût, sa gestion, (...)

Anne Voeffray
Politique

USA out, Europe down, Sud global in

Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai et les célébrations qui se sont tenus en Chine cette semaine témoignent d’un nouveau monde. L’Europe n’en fait pas partie. A force de pusillanimité, d’incompétence géopolitique et à trop jouer la carte américaine, elle a fini par tout perdre. Pourtant, elle persévère (...)

Guy Mettan