Et l’opérette, ça vous chante?

Publié le 7 janvier 2019
Du 11 au 20 janvier prochains, à la Grange de Dorigny, se donnera la première, en création, d’une opérette du compositeur Richard Dubugnon, sous le titre de «Jeanne et Hiro». A peine deux mois après la création du «Mystère d'Agaune», oratorio salué par d’aucuns comme un chef-d’œuvre, et la présentation à Lyon d’une autre œuvre originale à caractère napoléonien, l’incursion de Richard Dubugnon dans le genre festif, voire folâtre de l’opérette, exigeait un éclaircissement, dûment apporté par notre entretien exclusif plutôt qu’inclusif…

Jean-Louis Kuffer: Maître, puisque c’est sous ce titre que vous aimez être appelé en début d’année, comment voyez-vous l’avenir à l’horizon de 2019?
Richard Dubugnon: Où avez-vous lu que je désirais être appelé ainsi? Il est vrai que l’on nommait les compositeurs «Maître» encore au début du siècle passé, or aujourd’hui seuls les chefs d’orchestre ont droit à ce terme flatteur, et en italien s’il vous plaît, alors que sans le compositeur, ils n’auraient rien à diriger…
Pour 2019, je ne suis pas devin, s’il y avait un horizon à imaginer «en bien», ce serait l’ébauche d’une action globale pour sauver le climat de notre planète! Je crains cependant que 2019 ne soit que la continuation de 2018: plus de pollution, plus d’insécurité, plus de peur, donc plus d’agressivité, hélas. L’homme n’a pas évolué moralement depuis l’antiquité. Pire: il a mis son affolante technologie au service de ses tares les plus viles. Mon souhait caché serait que la morale de mon ouvrage, que vous découvrirez en fin d’entretien, soit suivie par tous.
La rumeur parle de votre prochain ouvrage en le qualifiant d’opérette. Est-ce bien sérieux?

Il s’agit en effet d’une opérette mais – comme le terme le laisse deviner – c’est évidemment pour ne pas se prendre au sérieux. Une réaction sans doute à l’actualité que nous servent les médias friands de sensationnalisme et qui fait leur pain quotidien. En réalité, cela fait longtemps que je voulais m’amuser et montrer mon penchant clownesque, qui est plus «moi» dans la vie réelle que le compositeur de concertos et de musique savante.
L’on dit aussi que l’opus en question sera représenté dans une grange. Le confirmez-vous à l’heure qu’il est?

Oui, à la Grange de Dorigny, mais on aura pris soin d’en ôter les bottes de paille, car vu que la musique est «hot», le ...

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