Pagaille au Conseil fédéral

Publié le 28 janvier 2018

© DR / Compte twitter d’Alain Berset

Le président de la Confédération est tout heureux d’avoir posé sur la photo, la main dans la main avec Trump. Il paraît que nos relations avec les Etats-Unis sont au beau fixe. Très bien, mais ce n’est pas là que la chatte a mal au pied. Face à l’Union européenne, c’est la pagaille. Les conseillers fédéraux présents à Davos y sont allés chacun de leur petite chanson. Devant la nécessité de conclure un accord-cadre, le virevoltant Ignazio Cassis se dit pressé d’aboutir avant de corriger ses propos le surlendemain, l’habile Alain Berset un peu moins décidé dans l’attente enfin d’une position commune, le madré Ueli Maurer veut attendre et attendre encore. Anecdote? Non, signe d’une confusion aux effets fâcheux. Le gouvernement patauge de la pire manière qui soit. Il s’affaiblit lui-même. Analyse.

Où en est-on? Nos relations avec l’UE sont régies par des accords bilatéraux et sectoriels. Or ceux-ci sont aujourd’hui bloqués. Et il n’est pas question d’en signer de nouveaux. Alors qu’il en faudrait pour permettre à la Suisse de profiter pleinement du marché unique. La Commission européenne souhaite un accord-cadre qui précise les règles du jeu, les droits de part et d’autre, le mode de règlement des différends. Et le Conseil fédéral est d’accord! Il a donné un mandat de négociation dans ce sens en décembre 2013. 

Mais la conclusion des pourparlers tarde. Parce que l’UDC s’y oppose et les partis bourgeois, intimidés par les blochériens, traînent les pieds.

La procrastination est devenue un système de gouvernement. On dit oui mais on n’avance pas, on ergote aussi longtemps que possible. Et on finit par irriter sérieusement les partenaires. Ceux-ci ont été patients. De bises amicales en propos aimables, ils ont attendu. Mais aujourd’hui, ils durcissent le ton. D’autant plus qu’ils négocient avec la Grande-Bretagne. Pas question de reproduire avec elle le bricolage helvétique. «Alors, c’est oui ou c’est non?», nous disent-ils. Nous pouvons choisir de refuser, ce sera respecté, mais aïe!, nous perdrions une foule d’avantages qui feraient mal à notre économie (avec l’UE: pour 57% des exportations et 75% des importations).

C’est l’aveuglement

Les conseillers fédéraux qui tremblent devant l’UDC, obsédés par les prochaines élections, ce n’est déjà pas glorieux. Et les chefs d’entreprises? Ils se pavanent à Davos mais les avez-vous entendu hausser la voix...

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