Les autoflingueurs de No Billag

Les deux poulains de l’UDC et du PLR, Jean-Philippe Gay-Fraret et David Puippe, sont de jeunes hommes comme il faut, pétris d’idéologie libérale, qui néanmoins se sont pris les pieds dans le tapis des arguments. Ils ont agité les hochets du modernisme: «il faut innover», «inventer autre chose», «tout est possible», etc. A noter au passage que le site de No Billag n’atteste guère d’une créativité époustouflante!
Inventer quoi au fait? Dès qu’on les interroge sur le concret, c’est la débâcle. Payer, en lieu et place de la SSR, une flopée d’abonnements (Netflix et compagnie)? A quel prix pour voir des films, du sport et du divertissement? Trouver des ressources publicitaires dans un marché complètement «essoré» comme le disait justement Philippe Zano (président de l’association des radio-télévisions régionales)? Tout cela ne tient évidemment pas la route.
Il y eut des moments assez drôles. Quand l’un des partisans de l’initiative, pour «faire jeune», citait comme moyen de communication politique le digital… et les SMS! Nous sommes assez bien placés, sur BPLT, pour mesurer les difficultés de créer un nouveau média dans ces espaces nouveaux. Nous y croyons, il y a d’intéressants débouchés de ce côté, mais nous ne pensons pas un instant qu’ils remplaceront les journaux et le service public de radio-télévision.
Quant à l’information régionale et suisse, assurée aujourd’hui par la SSR et des antennes locales, qui la fournira demain? Les télés étrangères? Elles s’en moquent, encaisser les spots suisses leur suffit. Une puissante TV privée ancrée à Zurich? Qui peut croire un instant que les investisseurs possibles s’intéresseront à la petite Suisse romande? Ils ont déjà bien de la peine à faire tourner Tele-Zurich.
Google? Facebook? Les géants piratent les contenus des autres et pillent les ressources publicitaires, c’est tout.
Devant ces évidences, les avocats de No Billag pédalaient en marche arrière. «Mais si, mais si… Même en cas de oui à l’initiative la Confédération pourra subventionner les émissions culturelles, le romanche…» Et tant pis si le texte proposé dit le contraire.
Le conseiller national Mathias Reynard (PS), très en forme, n’eut aucune peine à mettre en déroute les deux freluquets. Avec des arguments factuels et sans les discours grandiloquents, rabâchés par ailleurs, sur la nécessité de «sauver la Suisse» et «sauver la démocratie».
Ce débat était une leçon pour la RTS. Mené avec sérénité, respect des uns et des autres, des rappels factuels, des chiffres précis. Chapeau à Frédéric Philippin (Canal 9) et Florian Barbey (Radio Chablais). Nous devrions regarder plus souvent les télévisions régionales, elles sont d’un excellent niveau. On y met moins en scène les affrontements d’idées mais on y prend le temps de faire le tour du sujet. Plusieurs autres débats sur l’initiative sont prévus à Canal 9.
L’émission sur Canal 9
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